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22 mars : impacts des attentats sur nos attitudes
Le psychologue Jasper Van Assche – Cescup, Université libre de Bruxelles - a étudié l’influence des attentats de Paris et de Bruxelles sur la manière dont la population considère les personnes d’origines étrangères. Contre toute attente, elle ne semble pas avoir changé d’opinion.
On se souvient tous de ce que nous faisions le soir du 13 novembre 2015 et la matinée du 22 mars 2016. Le jour du 13 novembre, Jasper Van Assche faisait complété un questionnaire à plus de 100 étudiant·es d’horizons différents afin récolter des données sur leurs attitudes face à des personnes d’origines étrangères. Cinq mois plus tard, quelques jours avant les attentats de Bruxelles, il effectua la même démarche.
Aussi choquants que soient ces événements, ils ont donné l’occasion au chercheur d’étudier l'impact de la terreur d'une manière qui n'avait jamais été faite auparavant. Comme la majorité des participants ont rempli le questionnaire avant les attaques respectives de Paris et de Bruxelles, l’équipe de Jasper Van Assche disposait d'une mesure de base de leurs attitudes. En mesurant à nouveau ces attitudes après les attaques, le chercheur a pu analyser les changements de comportements. Bien que certaines études suggèrent que la terreur engendre davantage de préjugés, aucune étude n'avait encore examiné les changements d'attitude avant et après les attaques terroristes au sein d'un même échantillon.
Le deuxième objectif de l’étude était d'analyser les éventuels effets de transfert de la terreur. La littérature affirme que la terreur affecte non seulement nos attitudes envers les terroristes, mais aussi nos attitudes envers les groupes associés aux auteurs de ces actes. Nos attitudes à l'égard des terroristes se généraliseraient ainsi aux musulmans, aux réfugiés, voire aux immigrants en général. Enfin, l’étude voulait aussi observer l'impact à court et à long terme de la terreur. Pour ce faire, nous avons interrogé nos participants à deux reprises : une première fois quelques jours après les attentats, puis une seconde fois trois mois plus tard.
Les résultats
Contrairement à la croyance populaire, les chercheurs n’ont constaté aucun changement d'attitude après l'une ou l'autre des attaques, ni à l'égard des groupes directement responsables (comme les terroristes), ni à l'égard des groupes "apparentés" (comme les immigrants). Les répondants n'étaient pas très positifs à l'égard des terroristes avant, et c'est resté le cas après. Ce schéma a été constaté dans les neuf échelles que les chercheurs avaient administrées, allant de la confiance dans les minorités ethniques à des intentions comportementales effectives, telles que le fait d'éviter consciemment les réfugiés. Plus que cela, ils ont également constaté l'absence de changement sur le long terme. Curieusement, ils ont même constaté une tendance à une plus grande tolérance envers les musulmans et les réfugiés.
Références
- Van Assche, J. & Dierckx, K. (2021). Attitudes towards Outgroups Before and After Terror Attacks. Terrorism and Political Violence, 33(7), 1530-1545.
- Van Assche, J., Noor, M., Dierckx, K., Saleem, M., Bouchat, P., de Guissme, L., Bostyn, D. H., Carew, M., Ernst-Vintila, A., & Chao, M. M. (2020). Can Psychological Interventions Improve Intergroup Attitudes Post Terror Attacks? Social Psychological & Personality Science, 11(8), 1101-1109.