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Les vidéos de revendication de l'État islamique : au cœur du projet terroriste
Les vidéos de revendication de l’État islamique font partie intégrante de leur projet terroriste. En utilisant les réseaux sociaux et en se constituant comme sources pour les médias traditionnels, elles ont popularisé un genre de propagande repris par d’autres mouvances terroristes.
Mohamed Fahmi, chercheur au sein de l’OMAM (Observatoire des Mondes Arabes et Musulmans) de la MSH-ULB (Maison des Sciences de l’Homme), étudie la propagande audiovisuelle de l’État islamique.
« Quand l’État islamique organise un attentat terroriste, il y a une intention d’organiser la médiatisation. Des entretiens, etc. sont préparés avant même l’attentat », explique-t-il.
Ces vidéos « de revendication » sont ensuite diffusées sur les réseaux sociaux dans le but de s’approprier l’événement. Pour les attentats de Paris, l’État islamique a produit entre 10 et 13 vidéos et pour les attentats de Bruxelles pas moins de 5.
« Toutes ont un contenu spécifique, parfois dans une langue différente, arabe ou français. Elles visent à contextualiser, à dire ‘si vous voulez que ça s’arrête, vous devez exécuter ce qu’on vous demande.’ On y retrouve le discours officiel de l’organisation, les motivations de la tête pensante. »
L’État islamique sait pertinemment que ces contenus seront repris par les médias traditionnels. « C’est un dilemme, car si les médias veulent informer, ils n’ont pas d’autre choix que de se servir de ces sources. L’État islamique joue sur ce dilemme. » Par ailleurs, en diffusant massivement ces images par le biais de nos moyens de communication courants comme Twitter ou Facebook, l’État islamique a « popularisé » le genre de la vidéo de revendication. « Même des terroristes isolés comme Brenton Tarrant, dont les idées sont a priori opposées à celles de l’État islamique, s’en inspirent », constate Mohamed Fahmi.