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Narratifs sensationnalistes et peur du terrorisme

Publié le 29 septembre 2022 Mis à jour le 4 octobre 2022

La consommation de médias utilisant des narratifs sensationnalistes peut accroître la peur du terrorisme et donc servir les intérêts des terroristes eux-mêmes. Ce constat suggère la nécessité d’une réflexion éthique au sein des médias sur le traitement réservé aux attentats.

Laura Jacobs, chercheuse FNRS au sein du CEVIPOL (Centre d’Études de la Vie Politique, Faculté de Philosophie et Sciences sociales), travaille sur le lien entre consommation de l’information, expériences personnelles et peur de la menace terroriste.

« Les citoyens ne peuvent apprendre et se former une opinion sur le terrorisme qu’en consommant des médias, sauf dans le cas rare où ils ont eux-mêmes expérimenté une attaque », explique-t-elle.


Ses travaux montrent que l’impact de l’information sur le sentiment de menace diffère significativement selon le type de média consommé. « Les personnes qui consomment des médias plus commerciaux, qui utilisent des narratifs plus sensationnalistes, ont aussi un sentiment de menace plus élevé. » Si la télévision augmente davantage le sentiment de menace que la presse écrite, la durée d’exposition entre aussi en ligne de compte, de même que les expériences et conditions de vie personnelles.

« Pour une même exposition aux médias, les personnes qui vivent dans une ville considèrent par exemple que la menace est plus grande. » Or créer et entretenir ce sentiment de menace est, on le sait, l’un des objectifs de l’action terroriste. « Des formats comme le live, des angles sensationnalistes peuvent vraiment nourrir la peur pour le terrorisme et donc servir les intérêts des terroristes eux-mêmes. Il est donc nécessaire d’avoir une réflexion éthique sur le traitement de l’information. »