Publié le 15 février 2023 Mis à jour le 8 mars 2023

L’Université libre de Bruxelles peut se targuer d’une longue tradition d’accueil en faveur des universitaires menacés dans leur pays et poussés à s’exiler, comme d’un engagement marqué pour la sauvegarde des libertés académiques, là où elles ont été en péril ou le sont parfois encore aujourd’hui.

Dès le XIXe siècle

Dès le XIXe siècle, notre Institution, réputée dans l’Europe entière pour incarner les valeurs libérales de la Belgique indépendante, accueille des enseignants fuyant notamment les interdits professionnels ou les persécutions politiques qui les frappent dans leur pays d’origine. Il en fut ainsi de plusieurs universitaires brimés en raison de leurs origines juives.
 

Entre-deux-guerres

L’avènement des régimes fascistes, durant l’entre-deux-guerres, voit arriver en Belgique d’autres victimes des persécutions politiques et raciales et, là encore, l’Université en héberge un certain nombre grâce entre autres au Fonds d’Assistance académique. Dans le même temps, de plus en plus nombreux, des étudiants et étudiantes contraints à l’exil en raison du climat antisémite ou du numerus clausus, en Pologne ou en Roumanie, rejoignent la Belgique, et notamment l’ULB.
 

Après 1945

Après la Seconde Guerre mondiale, c’est encore pour des motifs politiques que des étudiants, des chercheurs et des enseignants fuient les régimes communistes (Hongrie, Pologne…), et surtout les régimes autoritaires espagnol, portugais et grec. Plusieurs d’entre eux, persécutés par les autorités de leur pays d’origine, trouvent refuge à l’ULB où, forts de l’engagement antifasciste de l’Institution avant la guerre et héritiers de l’esprit de résistance qui s’était cristallisé lors de l’occupation nazie, les soutiens sont particulièrement nombreux.

La solidarité académique que notre Université brandit comme l’une de ses valeurs principielles ne se dément pas lorsque la violence politique embrase les dictatures d’Amérique latine, contraignant nombre d’intellectuels emprisonnés, voire torturés par les régimes en place à s’exiler quand ils le peuvent vers la Belgique, depuis le Chili ou l’Argentine notamment.
 

Depuis les années 90

L’avènement démocratique, en Amérique latine comme en Europe centrale et orientale, à la fin du XXe siècle, laissa penser que la question allait se tarir, et que les menaces sur les chercheurs ne s’exerceraient plus que dans des contrées lointaines, sporadiquement. Il n’en fut hélas rien. D’abord parce que les dangers se sont diversifiés durant ces deux dernières décennies, et parce que plus que jamais les universitaires ont été les premières cibles de régimes illibéraux, comme cela a été le cas en Hongrie ou au Brésil, ou de régimes dominés par des partis islamistes, comme en Tunisie il y a dix ans et en Turquie aujourd’hui. Ensuite, parce qu’une guerre d’occupation s’est en 2022 réinstallée au cœur de l’Europe, contraignant à l’exil des universitaires ukrainiens (à vrai dire surtout ukrainiennes), et voyant d’autres menacés par les forces d’occupation – tandis qu’en Russie ou en Biélorussie des régimes ultra-nationalistes et anti-démocratiques se sont évertués à brutalement mettre les universitaires au pas.
 

Tradition humaniste

Si l’on considère, comme nous le faisons, que la communauté académique internationale constitue une vaste famille d’esprit et un large réseau de solidarité, notre Université ne pouvait bien évidemment se dérober à sa mission humaniste en accueillant des chercheurs contraints d’abandonner leurs enseignements, leurs recherches, leurs laboratoires. Cette solidarité, elle la met toujours à l’épreuve aujourd’hui, en ayant de surcroît développé durant ces dernières années des mécanismes structurés d’accueil au bénéfice des chercheurs en danger. Au vu de son histoire et de ses racines, il ne pouvait sans doute en être autrement…