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Inflation: la récession économique guette l’Europe

Publié le 10 décembre 2021 Mis à jour le 15 décembre 2022

Avec une augmentation du coût de la vie jamais vue en 50 ans, le portefeuille des Belges se porte mal en cette fin d’année. Bram De Rock revient sur les événements qui ont provoqué cette inflation record, et les conséquences sur le pouvoir d’achat des ménages. Ceux-ci n’étant pas tous égaux face à cette flambée des prix.

Aujourd’hui, la Belgique connait une hausse globale des prix des biens et des services. C’est ce qu’on appelle l’inflation. A quoi est-elle due?

Bram De Rock : Dans une économie de marché, l’inflation est inévitable, et pas nécessairement une mauvaise chose. Elle indique que l’économie du pays se porte bien, puisqu’elle est typiquement due à une activité économique élevée, qui accroit la demande, et donc les prix. Les deux principaux soucis sont : une inflation instable, qui implique que les prix futurs sont trop incertains, et une inflation extrêmement haute, qui conduit à une spirale prix-salaires qui renforce encore l'inflation. En Belgique, l’inflation n’a cessé d’augmenter ces quatorze derniers mois et a même atteint 12.27% en octobre, ce qui n’avait plus été observé depuis la crise pétrolière des années 70.

Pourquoi est-elle aussi élevée?

Bram De Rock : La reprise de l’économie postpandémie avait déjà entrainé une augmentation des prix. Mais le conflit russo-ukrainien, et les sanctions économiques infligées à la Russie en réponse, ont provoqué une crise de l’énergie jamais vue. La Russie étant le principal fournisseur d’hydrocarbures en Europe. Le bond du prix de l’énergie est donc le moteur de l’inflation actuelle, ce qui fait qu’elle est plus difficile à contrôler.

Qu’est-ce que ces 12.27% d’inflation signifient pour les ménages?

Bram De Rock : Ça veut dire qu’un ménage dépense en moyenne 12 % en plus pour acheter les mêmes biens et services que l’année passée. Pour la population dont les revenus sont indexés, ce coût de la vie est plus ou moins compensé. Mais tous les employés ne bénéficient pas d’un tel système. De plus, on sait que l'inflation n'a pas le même impact sur tous les ménages. Par exemple, les 25 % des ménages les plus pauvres consacrent 37 % de leurs revenus au logement et à l'énergie, tandis que les 25 % les plus riches n'en dépensent que 24 %. Si les mesures prises par les politiques ont permis de limiter la hausse du prix de l’énergie chez les plus précaires, c’est seulement une solution temporaire, car l’inflation de l’énergie commence à affecter d'autres catégories. On le note d’ailleurs déjà pour les produits alimentaires qui présentent une inflation de plus de 10%.

Une amélioration est-elle possible à court terme? 

Bram De Rock : Pas vraiment, c’est loin d’être fini. Bien que la Banque centrale européenne ait augmenté ses taux d’intérêt dans le but de ralentir l’économie, et donc l’inflation, ça ne peut pas résoudre le problème de la crise de l’énergie. Cela rend la situation en Europe vraiment atypique. 

Quel sera l’impact sur l’économie?

Bram De Rock : L’Europe rentrera en récession pour quelques mois, voire un an. L’activité économique va, non plus ralentir, mais bien reculer. Cela entrainera un cercle vicieux avec des faillites, menant à des pertes d’emploi et à une baisse du pouvoir d’achat pour les ménages. La seule chose positive est que, si l’économie recule dans son ensemble, les besoins en énergie diminueront aussi et, en conséquence, les prix de l’énergie commenceront à baisser. Les économistes s’attendent à ce que l’inflation cesse d'augmenter dans les mois à venir et revienne à des niveaux normaux à la fin de 2023.

Camille Stassart