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Septembre|La voiture électrique, solution d’avenir?
La semaine européenne de la mobilité a lieu du 16 au 22 septembre. L’occasion de s’interroger sur l’électrification de la mobilité. Souhaitée par l’Europe, elle confronte les pouvoirs publics et les utilisateurs à de nombreux défis. Axel Coussement nous explique pourquoi.
Les véhicules électriques sont-ils vraiment LA solution d’avenir pour une mobilité plus durable ?
Axel Coussement : La voiture électrique permet une autonomie typique de 500 ou 700 kilomètres : on peut donc se dire qu’en tant qu’utilisateur, on a là une solution en grande partie équivalente à une voiture thermique. C’est pourquoi l’Europe a poussé cette solution, d’autant plus que ce sont les utilisateurs qui payeront le prix. Cependant, même si les lois européennes avancent qu’en 2030 ou 2035, on arrêtera les voitures thermiques, il existe des clauses de révision : cela signifie que si les choses ne vont pas aussi vite que prévu, on se donnera le droit d’adapter le timing...
Que pensez des alternatives comme les biocarburants ?
Axel Coussement : Les biocarburants permettraient de continuer avec les voitures thermiques mais là encore, c’est un choix à faire. Ne vaudrait-il pas mieux garder ces biocarburants pour les camions et les avions plutôt que de les utiliser aussi pour les voitures ? Quand l’Europe a fait passer sa loi sur la sortie du moteur thermique, il y a eu une forte résistance des industriels et des pays liés à l’industrie automobile comme la France et l’Allemagne. La solution de l’hydrogène et des biocarburant a alors été mise sur la table. Certains pensent que des modèles hybrides avec un bon biocarburant et des batteries plus petites – permettant de faire 80 kilomètres et convenant donc à une grande partie de nos usages – seraient une solution. L’hydrogène, c’est plus compliqué car cela nécessite des infrastructures importantes et on ignore s’il en restera pour les véhicules personnels...
Aujourd’hui, même si les ventes sont en constante augmentation, les voitures électriques, c’est 1% du parc automobile en Belgique. Peut-on espérer atteindre le « tout électrique » à brève échéance ?
Axel Coussement : Pour que les gens achètent de l’électrique, il faut des bornes. A Bruxelles, le projet est d’installer 22 000 points de recharge accessibles au public à l’horizon 2035. Mais ce n’est pas seulement la question du nombre de bornes qu’il faut prendre en compte : c’est leur puissance. S’il faut plus de 24 heures pour recharger son véhicule, ce n’est pas intéressant. Là où ça devient intéressant, c’est quand on peut recharger la batterie en une nuit, voire en quelques heures. Par ailleurs, en plus de la mobilité, il y a la question du chauffage. Si on veut sortir du gaz naturel en 2050, il faudra des dispositifs alternatifs de production de chaleur et cela va aussi peser sur le réseau électrique... Il faudra définir des priorités. C’est là qu’on a parfois l’impression qu’on est déjà un peu trop tard... On va y arriver, oui, mais sans doute en retard. Il en va de même avec la mobilité personnelle. Oui, les habitudes changent déjà avec le car-sharing, les trottinettes, le vélo... Mais au niveau des transports en commun et en particulier du métro, on est sur des projets qui coûtent très cher et qui prennent beaucoup de temps...
Au-delà des enjeux écologiques, la voiture électrique est-elle devenue un produit « désirable » ?
Axel Coussement : Pour le moment, la voiture électrique reste un produit de luxe. Donc oui, elle est désirable... comme produit de luxe, avec des entrées de gamme à 50 000 euros. Mais ce qui bloque, c’est surtout la peur de ne pas pouvoir la recharger correctement et de voir ainsi se restreindre la liberté que donne la voiture. Pour la première fois depuis longtemps, on pense que le progrès c’est moins de confort. Et ça, ça a du mal à passer. On le voit d’ailleurs avec les voitures de société : beaucoup de gens pourraient avoir une voiture électrique mais préfèrent conserver une voiture thermique ou hybride.
Julie Luong
L'expert
Axel Coussement est professeur et chercheur au sein du centre Aéro-Thermo-Mécanique (ATM) à l’Ecole polytechnique de Bruxelles. Il étudie les différentes solution techniques permettant d’assurer la transition énergétique,. Dans la mobilité, son expertise scientifique porte sur les véhicules thermiques, hybrides et électriques (technologies, vecteurs énergétiques alternatifs et scénarios énergétiques liés).