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Juillet|L'apport de l’expertise scientifique dans la préparation du sportif olympique
Les Jeux olympiques 2024 démarrent à Paris le 26 juillet. Alors que les performances sportives se mesurent au dixième près, sport et science cohabitent de plus en plus étroitement pour optimiser l'entrainement des athlètes et améliorer la performance. Analyse avec Stéphane Baudry.
Quelle est la place de l'expertise scientifique dans la performance sportive ?
Stéphane Baudry : Le recours à la science dans la préparation physique débute réellement dans les années 1950. A partir des années 1980-90, l’expertise scientifique va plus particulièrement se porter sur l’évaluation des capacités physiques et cognitives des athlètes, et sur l’identification des déterminants de la performance (facteurs physiologiques, biomécaniques et psychologiques clefs sur lesquels repose la performance). Peu à peu, les résultats issus de la recherche deviennent des outils d’aide à la décision pour l’entraineur.
Aujourd’hui, alors que l’on parle de records battus à coups de millième de secondes, tous les aspects de la performance comptent. L'expertise scientifique prend donc de plus en plus de place, particulièrement à très haut niveau comme dans le cas des Jeux olympiques (JO).
Quels sont les apports actuels de cette relation entre science et sport ?
Stéphane Baudry : Actuellement, un effort important porte sur l'analyse de la performance dans un contexte écologique, c’est-à-dire celui de la compétition. Grâce à la miniaturisation des capteurs, notamment, il est possible d’aller chercher une information de plus en plus précise quant aux déterminants de la performance. Les données acquises dans ces conditions permettent de construire des modèles de la performance de haut-niveau et ainsi d’orienter procédures et planification des entrainements. Par ailleurs, les données issues de la recherche servent également à mieux cerner les adaptations spécifiques induites par l’entrainement, et ainsi d’optimiser l’adéquation entre la performance sportive et l’entrainement .
Suite à sa déroute en termes de médailles lors des JO de 1996 et en vue de ceux de Londres de 2012, le Royaume-Uni a massivement investi dans la recherche pour la détection et la préparation de ses athlètes en développant notamment des centres d’expertise de la performance, nouant un dialogue constant entre chercheurs et entraineurs. Cet investissement a porté ses fruits lors des JO de Londres, mais également lors des olympiades suivantes. Dans une logique similaire, le Centre d’Aide à la Performance Sportive (CAPS), structure regroupant l’expertise de chercheurs de l’ULB, l’UCLouvain et l’ULiège, contribue à l’évaluation et aux suivis des athlètes de haut-niveau en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Au regard des Jeux olympiques 2024, quels sont les défis qui subsistent dans cette relation entre la recherche et la haute performance ?
Stéphane Baudry : Dans une logique d'olympiade, la préparation d’un athlète s’organise souvent sur quatre ans (durée disponible entre deux olympiades) afin d’être dans des conditions optimales de performance le jour de la compétition. Même si l’individualisation du suivi du sportif a fait d’énormes progrès ces dernières années, des efforts sont encore à fournir pour améliorer l’entrainement des athlètes. Un autre défi réside dans l’amélioration de la communication entre chercheurs et entraineurs. Traduire les questions de terrain en hypothèses de recherche (entraineurs vers chercheurs) pour ensuite formuler une réponse afin de transformer les résultats issus de la recherche en éléments pertinents pour l’entrainement (chercheurs vers entraineurs) n'est pas toujours simple. Cette distance tend à s’atténuer avec une introduction de l’approche scientifique et de son vocabulaire dans la formation des entraineurs. A la Faculté des Sciences de la motricité de l’ULB, par exemple, les étudiants bénéficient d’une formation scientifique et pratique pointue qui permet de créer ce lien entre recherche et entrainement, permettant de développer un langage commun. Améliorer cette communication pour une meilleure individualisation est l'un des objectifs que doivent poursuivre les sciences du sport aujourd'hui.
Marie Thieffry
L'expert
Actuellement doyen de la Faculté des Sciences de la motricité (FSM), Stéphane Baudry est professeur de neurophysiologie et directeur du Laboratoire de biologie appliquée et de l’unité de recherche en neurophysiologie appliquée (LABNeuro). Sa recherche porte sur les interactions entre systèmes nerveux et musculaires en lien avec le mouvement et la performance ; il étudie également l’impact du vieillissement sur le contrôle du mouvement et l'équilibre postural.