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EUA Trends 2024 - Tendances récentes et priorités de l’enseignement supérieur en Europe

Publié le 5 juin 2025 Mis à jour le 6 juin 2025

L’European University Association (EUA) regroupe plus de 900 institutions dans les 48 pays de l’Espace européen de l’enseignement supérieur (EHEA), dont toutes les universités belges. Elle joue depuis plus de 20 ans un rôle central dans les politiques européennes concernant l’enseignement supérieur.

Tous les 3 à 4 ans, l’EUA mène une enquête afin de dresser un panorama des évolutions institutionnelles et nationales en matière d’enseignement supérieur. Le rapport Trends 2024, publié en juillet 2024, s’appuie sur les réponses de 489 établissements, dont l’ULB, couvrant la période 2019–2023. Il traite des réformes récentes, des perspectives stratégiques, des missions universitaires, de l’approche centrée sur l’étudiant·e, des formations non diplômantes et de l’internationalisation.

Méthodologie

L’enquête a été proposée entre avril et juin 2023 à l’ensemble des institutions membres de l’association. Chacune a été invitée à remettre une réponse à l’issue d’un processus interne de collecte de données. Parmi les répondant·es, 81% sont des institutions accueillant moins de 25.000 étudiant·es, 15% sont de taille comparable à l’ULB et 4% comptent plus de 50.000 inscrit·es.
 

Résultats thématiques

Réformes et stratégies

Entre 2019 et 2023, toutes les institutions ont connu des réformes importantes. En Communauté française de Belgique (CfB-FWB), comme dans 86% des cas, les universités ont été consultées. Les réformes les plus fréquentes portent sur l’assurance qualité, le financement public, la numérisation et l’organisation de l’enseignement.

Les universités de la CfB rapportent une baisse du financement public par étudiant·e, ce qui, pour 70% des répondant·es à l’enquête, constitue un frein majeur à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et des apprentissages. Ce définancement est partagé par des pays comme la Norvège, la Finlande et l’Irlande, pourtant réputés pour leur engagement dans la pédagogie universitaire. L’impact de la pandémie a été déterminant. Elle a accéléré l’hybridation des enseignements, le télétravail, l’évaluation continue en ligne et l’attention portée au bien-être (étudiant·es : 66%, personnels : 47%).

Par ailleurs, 90% des institutions indiquent une amélioration ou un maintien de la liberté académique et de la participation des parties prenantes à la gouvernance.

Missions universitaires

L’enseignement et la recherche sont perçus comme également prioritaires dans 90 % des institutions, et leur articulation fait l’objet d’un soutien explicite dans près des trois quarts des cas. Ce soutien passe notamment par la mise en place de centres de soutien à l’enseignement et aux apprentissages présents dans deux tiers des universités. À l’ULB, cet accompagnement s’incarne dans l’action conjointe du Centre d’appui pédagogique (CAP), des Bureaux facultaires et du Service d’accompagnement aux apprentissages (SAA).

La reconnaissance de la qualité de l’enseignement dans les carrières académiques progresse, mais lentement : seuls 50 % des établissements lui accordent un poids significatif. Près de la moitié utilisent désormais un portfolio d’enseignement – pratique en place à l’ULB – et un tiers seulement ont instauré des mécanismes de feedback par les pairs. Améliorer la valorisation de l’activité d’enseignement appelle à une culture institutionnelle renouvelée : charte pédagogique (comme celle de l’ULB), plan d’action dédié, accompagnement et formation des enseignant·es, ressources humaines et infrastructures ad hoc.

Concernant la formation pédagogique des enseignant·es, 44% des institutions la rendent obligatoire (+7% depuis 2018), soit sur décision politique ou via une stratégie interne. Ce n’est pas encore le cas en CfB-FWB, y compris à l’ULB, où des initiatives existent, mais sans cadre structurant ni obligation de participation.

En complément des missions historiques d’enseignement, de recherche et de service à la société, les universités intègrent désormais des priorités transversales : internationalisation (98 %), formation continue, développement durable, innovation et inclusion sociale. Ces engagements, porteurs de sens, interrogent toutefois les capacités des établissements à les soutenir durablement : ressources humaines, temps disponible, reconnaissance institutionnelle. Ainsi, 90 % des établissements déclarent avoir adopté une politique de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI), souvent financée (66 %) par les pouvoirs publics. Ces politiques s’inscrivent dans une logique de responsabilité sociétale croissante, en écho aux attentes des communautés universitaires.

Approche centrée sur l’étudiant·e

La population étudiante est en croissance dans de nombreux pays, dont la CfB-FWB. Elle est également plus diverse : 65% des universités constatent une augmentation des étudiant·es internationaux·ales, et 77% s’attendent à ce que cela continue. Les acquis d’apprentissage sont globalement définis et implémentés dans 71% des cas, y compris en CfB-FWB, mais leur opérationnalisation (évaluation de la charge de travail étudiante en crédits ECTS notamment) reste perfectible.

En parallèle, les attentes étudiantes évoluent : plus d’hybridation, de flexibilité, de formats courts. Ce mouvement, amplifié depuis la pandémie, pousse les universités à repenser leurs modalités de présence : si 79 % maintiennent l’enseignement en présentiel comme norme, celui-ci coexiste désormais avec des formes d’apprentissage plus diversifiées, souvent asynchrones ou sociales.

Cette transformation nécessite des investissements conséquents, à l’image du Learning & Innovation Center (LIC) de la Plaine , co-développé par l’ULB et la VUB, pensé comme un environnement d’apprentissage modulaire, connecté et centré sur les besoins de la communauté universitaire.

Formations non diplômantes

70 % des universités proposent aujourd’hui des formations non diplômantes, signe d’un élargissement du périmètre éducatif universitaire. Mais cette diversification soulève des enjeux opérationnels : identifier les besoins, garantir la qualité, définir le statut des apprenant·es, ou encore construire un modèle économique viable.

Les microcertifications s’inscrivent dans cette logique d’ouverture. Portées par les politiques publiques dans deux tiers des pays, elles sont vues comme une opportunité pour toucher de nouveaux publics, bâtir des partenariats interuniversitaires et expérimenter des formats hybrides. Toutefois, certaines universités craignent un effet de dilution ou de concurrence avec les cursus traditionnels.

Internationalisation

Si l’objectif européen de 20 % de diplômé·es ayant effectué une mobilité internationale reste encore lointain, un rebond post-Covid est perceptible. La mobilité physique repart lentement (42 % des institutions), mais reste confrontée à des obstacles structurels : financement, reconnaissance académique, maîtrise linguistique, freins psychosociaux.

La mobilité virtuelle, quasi inexistante avant 2020, s’impose désormais comme un complément crédible : 54 % des établissements la proposent, et 20 % prévoient de la développer. En rendant la mobilité plus accessible, plus courte et mieux intégrée, elle ouvre de nouvelles perspectives, sans se substituer entièrement aux échanges traditionnels.

L’ULB dans la dynamique européenne

Le rapport Trends 2024 confirme que l’enseignement est aujourd’hui au cœur de la stratégie des universités européennes, au même titre que la recherche. Le contexte post-pandémique, combiné aux évolutions politiques et sociétales, a catalysé des transformations majeures : hybridation des pratiques, numérisation des ressources, attention accrue au bien-être, diversification des formats, reconnaissance progressive de l’activité d’enseignement.

Dans ce paysage en mutation, l’ULB se positionne comme un acteur engagé, en ligne avec les tendances observées en Communauté française de Belgique. Des initiatives structurantes – charte pédagogique, portfolio, dispositifs de soutien – témoignent d’une dynamique en cours. Des marges de progression subsistent toutefois, notamment en matière de formation obligatoire à l’enseignement, de valorisation institutionnelle de la mission pédagogique ou encore d’accessibilité élargie à l’apprentissage tout au long de la vie. Autant de chantiers à poursuivre collectivement, dans un dialogue constant entre stratégie institutionnelle, politiques publiques et attentes de la communauté universitaire.


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