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L’ULB apporte son soutien à l’association Memorial en Russie et en particulier à l’historien Iouri Dmitriev

Publié le 30 novembre 2021 Mis à jour le 4 janvier 2024

L’ULB réaffirme son attachement indéfectible à la liberté de recherche partout dans le monde et souhaite, encore et toujours, faire résonner les mots de l’historien Iouri Dmitriev, toujours en prison: "les libertés académiques, jamais, ne deviendront une notion abstraite".

En 1984, le dissident soviétique Andreï Sakharov recevait un diplôme de Docteur Honoris Causa de l’ULB, alors qu’il était en relégation en Union soviétique. En janvier 1989, avec de jeunes chercheurs, il créait en pleine perestroïka, l’association Memorial, qui se donnait pour but de mener un travail minutieux sur les répressions de l’époque stalinienne. Dans son sillage et adossé à Memorial International, est né ensuite le Centre des droits humains Memorial, investiguant sur les conflits armés de la fin de la période soviétique puis de la Russie post soviétique. Memorial, par sa rigueur, son intégrité, ses méthodes, ses travaux sur l’histoire soviétique comme sur les droits humains, est devenu un partenaire incontournable de très nombreux chercheurs dans le monde entier.
À l’heure où la liberté de recherche en Russie est soumise à diverses pressions, dans un contexte où la loi sur les "agents étrangers" est invoquée par la justice russe pour criminaliser une part importante de la société civile, l’association Memorial est aujourd'hui criminalisée: le Parquet a en effet demandé la liquidation (sic) de Memorial International et du Centre des droits humains Memorial, notamment à cause du monitoring que ce dernier effectue concernant les prisonniers politiques en Russie.

En 2006, Natalia Estemirova intervenait à l’ULB pour témoigner du travail de Memorial en Tchétchénie, devant un auditoire d’étudiants assoiffés de connaissances. Natalia a été assassinée en 2009.

En 2014, Svetlana Gannouchkina, membre du Conseil d’administration de Memorial, intervenait à l’ULB devant des étudiants passionnés, pour présenter la situation dans le Caucase du Nord, région marquée par deux guerres d’une violence inouïe depuis l’effondrement de l’Union soviétique et le travail de l’ONG.

En 2018, Iouri Dmitriev, historien de Memorial, n’a pas pu venir à l’ULB, où il était invité à un colloque sur la liberté  académique. Alors que ses recherches ont contribué à redécouvrir le site de Sandarmokh en Carélie où sont enfouis les corps de plus de 7 000 victimes de la Terreur stalinienne, une affaire pénale s’est abattue sur lui, le condamnant à 13 ans de réclusion, dans un contexte où le pouvoir russe tente de s’emparer du récit sur l’histoire soviétique afin d’imposer son narratif patriotique aux dépens des recherches indépendantes.

Depuis sa cellule, Iouri Dmitriev nous écrivait alors: "Je vous écris de ma prison. Ensemble, nous surmonterons n’importe quel mensonge. Et les libertés académiques, jamais, ne deviendront une notion abstraite". Ces mots ont été prononcés dans les murs de l’ULB lors de l’ouverture du colloque où il n’avait pu nous rejoindre.

Alors que l’audience sur la condamnation du Centre des droits humains Memorial avait lieu ce 29 novembre au Tribunal de la ville de Moscou, et celle de Memorial International se tiendra le 14 décembre, l’ULB réaffirme son attachement indéfectible à la liberté de recherche partout dans le monde et souhaite, encore et toujours, faire résonner les mots de l’historien Iouri Dmitriev, toujours en prison: "les libertés académiques, jamais, ne deviendront une notion abstraite". 

Elle s’associe à l’appel de Mémorial France demandant l’arrêt des poursuites contre Memorial.