Esotérisme, féminismes et littérature: les voix/es des femmes

Diplômée d’un master en langues et littérature, Stéphanie Peel a ensuite réalisé un master en relations publiques et une formation en études de genre. Forte de ce bagage, c'est sous ces trois aspects qu'elle envisage son étude. Doctorante à la Faculté de Lettres, Traduction et Communication, elle aborde un domaine de recherche encore peu connu, mais qui commence depuis quelques années à se faire une place dans le milieu académique : l'ésotérisme, c'est-à-dire un ensemble de savoirs réputés secrets et marginaux. En l'envisageant à la fois sous l'angle du genre et de la littérature, elle tente de mettre en lumière un corpus de textes écrits par des femmes et d'y déceler leur "agentivité", c'est-à-dire leur puissance d'agir dans un contexte de domination. Elle tente de démontrer comment leurs croyances dans ces courants particuliers leur ont permis de penser leur émancipation, de revendiquer une plus grande liberté d'expression et de soutenir des ambitions personnelles et parfois littéraires.

Littérature et ésotérisme : à l'ombre du canon littéraire 

Une telle recherche questionne les canons établis et souligne la marginalisation des textes féminins du XIXe siècle, souvent écartés sous prétexte de ne pas appartenir à la "bonne littérature". La chercheuse parle d’une triple marginalisation : celle des femmes en général, celle des femmes autrices et celle du contexte ésotérique dans lequel elles s'expriment. Pourtant, leurs écrits sont riches et porteurs d’engagement : « leurs discours sont extrêmement engagés et modernes . Quand on lit certains discours de ces femmes, on dirait des textes féministes actuels. Ça parle vraiment de la liberté des droits, de divorce, de libre maternité, de la perception de l'adultère féminin etc.  Ce sont des engagements en fait extrêmement contemporains et on est bien avant la première vague du féminisme », explique-t-elle.

Défis de la recherche 

Un thème qui revêt actuellement une importance cruciale dans la société. Au travers de ses recherches, Stéphanie Peel propose une nouvelle perspective pour comprendre les racines du féminisme, une lutte intemporelle. Elle souligne l'intérêt de revenir à la source et à une certaine forme d'historicité : "C’est ce que j’appelle le complexe de Pénélope. On doit chaque fois recommencer, comme si ça n’avait jamais existé. C’est intéressant de se dire que l’histoire féministe s’est construite sur une absence d’histoire. Et ce n’est en fait pas véridique, c’est un biais de la recherche, un biais historique. Pendant très longtemps, l’histoire, qui s’est formée au 19e siècle comme champ académique, est une matière qui a été écrite principalement par des hommes. Donc, on a mis en avant certains sujets et pas d’autres. Ça a un intérêt de montrer que, dans les débats féministes, on ne parle pas des années 60 à aujourd’hui mais de quelque chose qui est beaucoup plus profond, plus ancré dans la société et dans l’histoire. Ce sont de vraies racines que l'on peut déterrer et des figures de proue sur lesquelles on peut s’appuyer ».    Supe

A l'occasion de la journée des droits des femmes, découvrez plusieurs recherches en cours sur ces questions.