Éthique de l’environnement et espèces végétales menacées

Quand on pense aux espèces menacées, on pense tigres, gorilles et éléphants. Il est beaucoup plus difficile de citer des espèces végétales en voie d’extinction... « Il faudrait pourtant commencer par là car les végétaux sont le sous-bassement de la biodiversité », estime Quentin Hiernaux, philosophe des sciences à l’ULB et spécialiste de l’éthique de l’environnement. Développée dans les années 70 aux États-Unis, cette discipline pose le constat des insuffisances d’une morale anthropocentrée, dans laquelle animaux et végétaux sont exclus du champ des relations éthiques et politiques.

« Dans l’éthique de l’environnement, ce qui a de la valeur, ce ne sont plus seulement les humains ni même les sujets sensibles que seraient les animaux, mais l’ensemble des milieux qui garantissent les conditions de vie actuelles et futures de l’espèce humaine. »

De fait, l’interdépendance du vivant a longtemps été au cœur des sociétés. « Cette exclusion est une sorte d’exceptionnalisme occidental moderne, qui fait que nous sommes héritiers d’une sorte de schisme entre le monde animal et végétal. Et pourtant, du point de vue de la biologie comme de l’écologie, cela ne fait pas vraiment sens puisqu’il existe une continuité évolutionniste. » En regard du contexte actuel d’érosion de la biodiversité, une éthique de l’environnement prenant en compte les végétaux – de ceux perçus comme « nobles » aux espèces connotées négativement dans l’ordre symbolique, telles les espèces « invasives » – est plus que jamais pertinente. « La manière qu’on avait de traiter de manière complètement amorale les relations avec les animaux et les végétaux est à l’origine de beaucoup des problèmes auxquels on est confronté », conclut Quentin Hiernaux.