Jean-Christophe de Biseau: décrypter les mécanismes de l'évolution

Au départ, Jean-Christophe de Biseau voulait être professeur… dans le secondaire. Mais les études, le mémoire, la thèse: tout s’est enchainé dans la même Faculté des Sciences de l’ULB, traçant sa voie vers l’enseignement en université pour ce professeur passionné. Enseignant aujourd’hui la zoologie, la mécanique de l’évolution, le comportement animal ainsi que – le secondaire toujours en ligne de mire – la didactique de la biologie, Jean-Christophe de Biseau n’a pas perdu ce vif intérêt pour l’enseignement des plus jeunes et, plus globalement, la diffusion scientifique auprès d’un large public.

L’évolution

« Parmi les questions d’enseignements qui m’ont toujours intéressé et sur lesquelles je travaille encore aujourd’hui, celle liée à la difficulté d’enseigner les mécanismes de l’évolution du vivant me parait particulièrement essentielle » explique-t-il. « Les conflits éventuels que peuvent avoir certains jeunes entre leurs croyances et cette théorie scientifique est une problématique assez présente, à Bruxelles notamment. Mais ce qui m’intéresse plus particulièrement, c’est le défi didactique qu’il y a à enseigner une théorie scientifique contre-intuitive à plus d’un égard… ».

Pourtant, la théorie de l’évolution est une des théories scientifiques parmi les plus solides de la recherche scientifique: « Elle est centrale en biologie… Mais elle implique de rompre avec une notion que l’être humain a profondément ancrée en lui: celle d’un certain finalisme de l’évolution du vivant » précise Jean-Christophe de Biseau. « Même indépendamment d’une croyance religieuse, nous pouvons avoir l’impression que l’évolution du vivant va forcément dans une direction, celle de la complexité dont l’Homme serait un aboutissement. Or, d’un point de vue purement biologique, il n’y a pas de finalité dans l’évolution des espèces ».

« Hors les murs »

C’est guidé par cette volonté de diffuser cette théorie qu’il prend la direction du Musée de Zoologie de l’ULB en 2012. En échangeant avec d’autres collègues dont la doyenne de la Faculté des Sciences à l’époque Muriel Moser, il imagine cette exposition. « L’idée était d’aller hors les murs de l’ULB pour sortir le savoir de l’Université » ajoute-t-il. Avec le Centre de culture scientifique (CCS), il conçoit principalement avec Julie Dewasmes et Aurélie Dery, deux membres du CCS, une exposition qui amène le visiteur à mieux comprendre l’évolution du vivant depuis les premières traces de vie jusqu’à aujourd’hui.

« Le but est de décrypter les mécanismes en jeu, en partant évidemment des théories darwiniennes mais en allant aussi jusqu’aux théories plus actuelles » explique-t-il. Sélection naturelle, mutations, formation de nouvelles espèces, rôle du hasard dans la dérive génétique et conservation des espèces, sont décortiquées à l’aide de films, arbre phylogénétique en 3D ou panneaux et puzzles.

Avec l’appui du Département Inforsciences, l’exposition bilingue français-néerlandais est tout d’abord présentée dans l’espace musée de la Faculté d’Architecture de l’ULB, où elle remporte un franc succès, puis à Charleroi, dans les locaux du CCS jusqu’en début 2023. Elle pourrait à l’avenir voyager vers d’autres villes.