Au fil de sa carrière, Isabelle Merckaert a exploré de multiples aspects de la psycho-oncologie. Sa recherche se concentre particulièrement sur l'amélioration de la communication dans le cadre de l'annonce du cancer et sur le suivi psychologique des patients en phase de rémission.
La psycho-oncologie est une discipline qui s'intéresse à la fois à l'adaptation des individus à la maladie cancéreuse et à l'impact des facteurs psychologiques sur le déroulement de celle-ci. Isabelle Merckaert, professeure en psychologie et psychologue-clinicienne à l'Institut Jules Bordet, se consacre à cette branche de la psychologie et mène des recherches sur les besoins des patients et de leurs proches. Au cœur de son travail : améliorer la communication entre soignants et patients et soutenir les individus tout au long de leur parcours de soin et de guérison.
Un rôle clé de la communication dans le parcours de soin
Comment les individus réagissent-ils à la maladie ? Comment les comportements et troubles psychopathologiques peuvent-ils influencer l’évolution du cancer ? Voici des questions auxquelles la psycho-oncologie s’intéresse. Isabelle Merckaert a particulièrement étudié la communication entre médecins et patients, notamment lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer.
« Cette formation des médecins, basée sur des jeux de rôle en petits groupes, a permis de mettre en évidence des améliorations dans la manière de communiquer avec les patients. Elle favorisait une communication plus ouverte, laissant une place plus importante aux patients tout en permettant aux soignants d'annoncer les mauvaises nouvelles de manière plus concise et claire » précise-t'elle.
La chercheuse souligne également les défis auxquels sont confrontés les patients lorsqu'ils reçoivent des informations cruciales : « Il n'est pas rare que l'attention des patients se focalise sur des éléments généraux, comme la possibilité de guérison ou le risque de décès, au détriment de conseils pratiques pour leur vie quotidienne, comme les gestes à adopter pour éviter certaines infections ».
La phase de survivorship
Dans le cadre de son parcours de thèse, Isabelle Merckaert a participé à une étude au sujet des besoins des patients et de leurs proches concernés par la maladie cancéreuse. Cette recherche a permis de développer la psycho-oncologie et d’engager, par la suite, des psychologues dans les institutions de soins.
Les résultats ont montré qu’une personne sur quatre, tant au niveau des patients que des proches, va vivre des moments de détresse intense lors de son parcours en oncologie. Cette détresse peut se caractériser par de l’anxiété, des affects dépressifs et parfois les deux. Il est essentiel d’aider les personnes pendant mais aussi après leurs parcours de soin, lorsqu’elles reprennent leur vie quotidienne, le travail…
La phase de rémission, souvent appelée « survivorship », est de plus en plus étudiée en psycho-oncologie, car elle soulève des enjeux majeurs pour les patients qui, même après avoir survécu à la maladie, doivent souvent faire face à des effets secondaires sous-estimés. Isabelle Merckaert explique : « Les personnes ayant surmonté le cancer continuent parfois à expérimenter de la fatigue liée aux traitements, de l’anxiété…Des difficultés cognitives, comme des problèmes de mémoire ou de concentration, sont également fréquentes. »
Le rôle du psychologue, dans ce contexte, est de guider les patients pour les aider à faire face aux conséquences de la maladie et de ses traitements sur leur vie quotidienne, les aider à trouver les sources d’aide et à mettre en place les stratégies les plus soutenantes pour y faire face, facilitant ainsi leur réadaptation à la vie après le cancer.
Une recherche en constante évolution
Les recherches d’Isabelle Merckaert et de ses collègues se concentrent actuellement sur le développement et l’évaluation d’interventions destinées aux patients et à leurs familles. L'une des études actuellement en cours a été développée par Aurore Liénard. Elle porte sur le soutien à la communication entre les parents atteints de cancer et leurs enfants. Elle précise : « Nous cherchons à comprendre comment ces parents abordent les incertitudes liées à la maladie et à son évolution avec leurs enfants et adolescents, afin d’améliorer le soutien familial durant cette épreuve ». Cette recherche contribue à renforcer l’accompagnement psychologique non seulement pour les patients, mais aussi pour leurs proches.
En conclusion, la psycho-oncologie continue d'évoluer, offrant des solutions concrètes pour accompagner les personnes touchées par le cancer et leurs proches face aux défis émotionnels et psychologiques de cette maladie