Publié le 9 mai 2025
– Mis à jour le 13 mai 2025
Noémie Maughan, chercheuse au sein du Laboratoire d'Agroécologie de l’ULB, a reçu le Prix de la diffusion scientifique ULB 2024 – catégorie Multimédia – pour le podcast "Le Pain qu'on Sème" en collaboration avec Marjolein Visser, professeure à l’ULB.
Du champ à la boulangerie en passant même par notre microbiome, le podcast Le Pain qu'on Sème balade nos oreilles à la rencontre des acteurs et actrices des filières belges du pain. En toile de fond, une question simple : « Pourquoi actuellement en Belgique est-il si difficile de trouver du pain à la fois local et de qualité ? », telle que la formule Noémie Maughan, bioingénieure œuvrant depuis 2014 au sein du Laboratoire d'agroécologie de l’ULB.
Le podcast découle d’un projet de recherche financé par le FNRS qu’elle mène en collaboration avec Marjolein Visser, professeure à l’ULB et chercheuse au sein du même laboratoire, ainsi que Lou Chaussebourg et Kevin Maréchal du Laboratoire d’économie et développement rural de Gembloux AgroBio Tech (ULiège).
«
La recherche m’habite, c’est un peu mon ADN, mais je ne la conçois que si elle s’intéresse à des questions de société » explique Noémie Maughan.
« J’ai beaucoup de mal à imaginer que la société va aller chercher des réponses à ses questions dans des articles scientifiques que très peu de gens lisent ».
Un podcast comme carte de visite
D’où l’idée d’un podcast, qu’elle co-réalise avec Lou Chaussebourg. «
Lou a un background social, le mien est plus technique ». Ensemble, via des rencontres avec des acteurs de terrain, elles s’intéressent aux enjeux de la relocalisation des filières du grain au pain et aux verrous (concept de lock-in) qui existent dans les filières alternatives de production. «
Nous nous sommes rendu compte que les initiatives locales étaient très isolées, d’une part, à cause de réseaux dysfonctionnels et démantelés, et, d’autre part, à cause de la perte de savoirs et de savoir-faire autour du pain local à chaque étape de la filière : les semenciers ne savent plus comment produire des semences locales de céréales panifiables, les agriculteurs ne savent plus comment mener ces cultures, les meuniers ne savent plus comment moudre ces grains-là et les boulangers ne savent plus comment panifier des grains qui ne sont pas des mélanges préfabriqués » détaille Noémie Maughan.
Pour les deux chercheuses, le podcast est une sorte de carte de visite, une première entrée en matière qui permet d’enclencher un dialogue avec les professionnels. En somme, le support idéal pour déployer leur recherche-action participative. Elles ont, par exemple, associé deux boulangères à la création de trois de leurs épisodes. «
Notre intention est bien sûr d’interpeller les consommateurs et les filières, mais aussi de toquer à l’épaule des décideurs politiques » précise Noémie Maughan.
Une information utile
Outre des relais sur Radio Campus et Radio Panik, les quatre épisodes du Pain qu’on Sème cumulent près de 4000 écoutes, en Belgique, mais aussi en France, notamment dans les réseaux de professionnels.
« Au milieu du nuage de fake news dans lequel on baigne, nous essayons de proposer une information qui soit utile, valable et qui nous nourrisse. La recherche doit nourrir des nouveaux narratifs et le podcast est un super outil ».
Le récit défendu dans Le Pain qu’on Sème est celui d’un rapprochement avec le vivant, absent des processus de fabrication actuels où tout est sec, prêt à l'emploi, emballé sous vide et pré-mixé.
« Ça m’intéresserait de savoir comment les gens achètent leur pain avant et après l’écoute du podcast, car il s’agit d’un enjeu fondamental de santé alimentaire » conclut la chercheuse.