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Patrick Mandoux

« On est riche que de ses amis, de ses rencontres »

Patrick Mandoux, vice-doyen de la Faculté de Droit et de criminologie, est un homme aux multiples vies. Une vie académique d’abord, lui qui enseigne sans discontinuer à l’ULB depuis 1974. Une vie au Palais de justice de Bruxelles ensuite, puisqu’il a été avocat, juge, juge d’instruction et conseiller à la cour d’appel. Il fut aussi membre du Conseil supérieur de la justice. Une vie privée, enfin, lui le père de trois enfants.

C’est dans la nouvelle salle d’audience Marie Popelin, au cœur du campus du Solbosch, que nous le rencontrons. « Entre le passé et le futur, je choisis toujours le futur, ce que je ne connais pas encore et que je vais découvrir demain. Cette salle d’audience est un bon exemple de ce que j’ai essayé de faire toute ma vie : de nouvelles expériences, de nouvelles rencontres, des synergies. »

Les rencontres ont rythmé sa vie, depuis son entrée à l’ULB en 1972. « On est riche que de ses amis. L’ULB fut pour moi une chance immense, quotidienne, de 1972, lorsque je pousse la porte de la Faculté de droit à aujourd’hui. Elle fut, elle est, un lieu de riches rencontres. Et au-delà de ceux que Calogero appelle ses amis, on est riche des hommes et des femmes qui vous font confiance ! »

« JAMAIS TOTALEMENT JURISTE ! »

Patrick Mandoux est du genre modeste, à lier beaucoup de ses réussites aux personnes rencontrées aux bons moments. « Pendant mes études, j’ai eu l’immense chance d’être élève assistant, en droit et en sciences politiques, de Pierre Verstraeten, titulaire du cours d’introduction à la philosophie. Grâce à cet homme fascinant, qui dirigea avec Sartre la Bibliothèque de Philosophie chez Gallimard, je ne serai jamais totalement juriste ! Tant mieux ! » confie-t-il. « Guy Haarscher, qui est aujourd’hui un ami, était l’un de ses assistants. Pierre Verstraeten faisait confiance aux très jeunes. C’est ainsi que j’ai pu, sous sa houlette, donner - outre les TP - une heure de cours à un Janson plein (pour lui!). Inoubliable... Quelle chance pour un gamin de 20 ans ! »

« Mes parents n’étaient pas universitaires; mon père a 17 ans quand la Deuxième Guerre mondiale éclate : il s’occupera de son père, gravement blessé, pendant plusieurs années. Mon père parlait couramment 5 langues. Mes grands-parents étaient ouvriers et j’en suis très fier. Ma mère était danseuse à l’opéra de la Monnaie. C’était donc une artiste et une sportive de haut niveau. »

Patrick Mandoux fut avocat, notamment au cabinet de son éminent professeur de contrats à l’ULB, Lucien Simont, mais il ne quitta jamais notre Université. « En 77, Robert Legros, premier président de la Cour de cassation, me demande d’être son assistant pour le cours de droit pénal. Quelle chance... Bien plus tard, le Président de la Faculté de Droit, Léon Ingber me demanda de suppléer le professeur de procédure pénale. Et je partagerai cet enseignement avec Marc Preumont, encore une riche rencontre, un avocat de grand talent. Et depuis, je partage plusieurs cours avec lui. »

Aujourd’hui, Patrick Mandoux consacre presque l’entièreté de son temps à l’Université. En témoigne son agenda bien rempli, de professeur et de vice-doyen : « J’ai voulu remercier l’ULB pour toute la joie qu’elle m’a donnée. J’ai connu quatre belles années en tant que vice-doyen, aux côtés de notre doyen Patrick Goffaux : une autre de mes rencontres enrichissantes. »

UNE SALLE D’AUDIENCE « MARIE POPELIN »

Après avoir été, avec plusieurs de ses collègues, un initiateur des séminaires d’argumentation à l’ULB, Patrick Mandoux a piloté le projet de création d’une véritable salle d’audience en Faculté de droit.

« Les étudiants voulaient cette salle d’audience et se sont battus pour l’obtenir. Des coachs venus du palais de justice, la Faculté d’architecture La Cambre-Horta, via le professeur Victor Levy et son Fablab, notre cellule PRAC-TICE, ont participé au développement du projet. Et avec le soutien financier de l’administration centrale, de la Faculté de Droit, de l’ADBR et du BE, la salle Marie Popelin est née ! Encore et toujours des rencontres ! »

Ce local fait en quelque sorte le pont entre l’avenue Roosevelt et la place Poelaert. Il va permettre aux étudiants, par le biais de procès fictifs, d’être mieux préparés à la vie professionnelle qui les attend, dans différentes disciplines juridiques.

LA JEUNESSE, UNE FORMIDABLE RICHESSE

« Il y a peu de gens qui ont cette grande chance d’être en contact avec à la fois des gens qui connaissent mieux le droit ou l’enseignement que vous, mais aussi des gens plus jeunes. Cette jeunesse m’apprend énormément. Par ses questions, ses réactions, nous réfléchissons. Et la jeunesse nous montre que le monde bouge tous les jours. C’est une grande chance, aussi grande que de rencontrer les maîtres que j’ai cités dans cet entretien. Peu de gens ont cette chance d’être en contact permanent avec des gens qui ont entre 18 et 23 ans et maintenant avec encore des plus jeunes, via l’Université des enfants, cette très belle initiative. On donne des cours avec des jeunes qui ont entre 8 et 12 ans, c’est extraordinaire. C’est, j’espère, intéressant pour eux, c’est en tout cas très enrichissant pour moi. Le contact avec plus jeune que soi, c’est une richesse incroyable. »

Mis à jour le 22 janvier 2019