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Les Doctorats honoris causa de l'ULB

Par la remise des insignes de Docteur Honoris Causa (DHC), l'Université entend, selon une tradition déjà ancienne, honorer des personnalités (belges ou étrangères) qui ont, par leur pensée, leurs travaux, leurs actions, marqué leur époque dans les domaines des sciences, des arts ou de la politique.

En 2023

Le 14 décembre 2023, l'ULB et ses facultés ont rendu hommage à huit personnalités internationales.

Nous récompensions quatre lauréats pour leurs remarquables études et contributions académiques à l'impact global : Roger Enoka, Didier Fassin, Francis Kéré et Naomi Oreskes. 

Nasrine Sotoudeh et Rahile Dawut, incarcérées en raison de leurs convictions, de leur liberté d’expression et de leurs engagements, ont été honorées. Elles représentent symboliquement l’ensemble des détenus et détenues d’opinion.

On n'enferme pas la pensée.
 

  • Roger Enoka 

Professeur à l’Université du Colorado (Boulder, USA), titulaire d'une thèse de doctorat en kinésiologie obtenue en 1981 à l'Université de Washington. Ses recherches, soutenues par le National Institute of Health, se concentrent sur la fonction du système neuromusculaire dans la santé et la maladie. 

Didier Fassin 

Médecin et socio-anthropologue français. Il est professeur de sciences sociales à l'Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d’études à l'École des hautes études en sciences sociales. Fin 2019, il a été élu au Collège de France à la chaire annuelle consacrée à la santé publique. Trois ans plus tard, en 2022, il y est élu professeur statutaire, titulaire de la chaire « Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines ». 

Naomi Oreskes 

Professeure d’histoire des sciences à l’Université de Harvard, spécialiste du rôle de la science dans l’évolution des débats de société, en particulier en rapport avec des questions environnementales et climatiques. Elle a publié en 2010 un livre très remarqué, « The Merchants of Doubt », qui a montré comment les réchauffements climatiques anthropiques ont été activement discrédités par des lobbyistes et des scientifiques en usant des arguments de la science et de processus sociopolitiques rôdés dans le seul but d’instaurer des doutes dans la société civile et politique quant à l’origine et l’ampleur des problèmes climatiques.

Francis Kéré 

Architecte burkinabè de renommée internationale et lauréat 2022 du prestigieux prix Pritzker d'architecture. Il est reconnu pour son approche pionnière du design et des modes de construction durables. Il est le premier architecte africain dont le travail a un écho mondial, ouvrant la voie pour d’autres architectes du Sud.

Nasrine Sotoudeh 

Avocate iranienne, spécialiste des droits humains, récipiendaire du prix Sakharov en 2012, elle a défendu des activistes de l’opposition et notamment des femmes qui refusent de porter l’hidjab. Elle a été condamnée à plusieurs reprises depuis 2010. Elle est actuellement emprisonnée. 
 

Rahile Dawut 

Ethnologue chinoise, professeure à la Xinjiang University (dans la région autonome du Xinjiang), spécialiste de la minorité ouïghoure, elle a travaillé au Japon, en Grande-Bretagne et en France, et est titulaire d’un prix SAR en 2020 alors qu’elle avait disparu depuis 3 ans – dans le cadre des campagnes massives d’arrestation et de détention des intellectuels en région ouïghoure. Rahile Dawut a été condamnée à la prison à vie par les autorités chinoises. 

La médaille de l’Université a été remise à Pinar Selek et Olivier Vandecasteele qui ont pris la parole au nom des deux personnalités incarcérées.



En 2022

Stanley Plotkin, parrain de la vaccinologie

Stanley Plotkin a reçu les insignes de Docteur Honoris Causa conjoint de l'Université d'Anvers et de l'Université libre de Bruxelles lors d'une cérémonie solennelle organisée le 24 mai 2022 au Palais des Académies et lors de laquelle les deux universités ont inauguré l'European Plotkin Institute of Vaccinology.

Né en 1932 aux États-Unis, Stanley Plotkin est considéré comme le parrain de la vaccinologie. Il est professeur émérite de pédiatrie et de microbiologie à l’Université de Pennsylvanie, et virologie au Wistar Institute de Philadelphie. Il a joué un rôle essentiel dans la découverte du vaccin contre la rubéole, alors qu’il travaillait au Wistar Institute dans les années soixante. Il a ainsi contribué à la disparition de cette maladie aux Etats-Unis. Il a également participé de manière importante au développement de nombreux vaccins, notamment contre la rage, le rotavirus, la polio, la varicelle et le cytomégalovirus. Figure majeure de la vaccinologie, son livre « Vaccines », est la référence scientifique sur le sujet.

 

Katalin Karikó, figure majeure de la vaccinologie

La biochimiste hongroise Katalin Karikó a reçu les insignes de Docteure Honoris Causa de l'Université lors d'une cérémonie solennelle organisée le 24 mars 2022 sur le campus Erasme. Professeure à l’Université de Pennsylvanie, elle a été honorée pour ses recherches innovantes en thérapie génique basée sur l’ARN messager.

Ses recherches portant sur le développement de l’ARN messager transcrit in vitro pour les thérapies protéiques ont permis des évolutions très signi­ficatives dans le domaine de la création de vaccins d’un nouveau type.
Katalin Karikó a par la suite rejoint la société BioNTech RNA Pharmaceuticals et y occupe actuellement le poste de vice-présidente.
Les travaux de recherche de Katalin Karikó contribuent à l’effort de BioNTech pour stimuler les cellules immunitaires avec des antigènes vaccinaux. Ses recherches montrent également que la réponse immunitaire induite par l’ARN messager donne un élan supplémentaire à la vaccination contre les tumeurs. Le vaccin Comirnaty développé par l’association des ­firmes Pfizer et BioNTech pour lutter contre la pandémie de Covid-19 témoigne de la valeur et de l’impact des recherches de Katalin Karikó.

En 2021

Svetlana Alexievich, journaliste d'investigation, historienne et écrivaine biélorusse

Le 3 mai 2021, l’ULB et la VUB ont remis les insignes de Doctorat honoris causa à Svetlana Alexievich lors du Difference Day, organisé à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Les universités souhaitaient rendre hommage à une auteure qui donne une voix aux citoyens et à l'opposition réprimée dans son pays. Dans sa quête de la vérité, elle n’hésite pas, au péril de sa vie, à rechercher des faits et des événements qui sont écartés de l'historiographie officielle.

Svetlana Aleksandrovna Alexievich est une journaliste d’investigation, historienne et écrivaine biélorusse, dont l’œuvre a été couronnée par le prix Nobel de littérature en 2015.
Parce que son travail perce les mythes et les illusions et n’est pas guidé par la version officielle des faits, elle a souvent fait l'objet de critiques de la part des autorités, tant à l'époque de l'Union soviétique, où elle a perdu son emploi de journaliste, qu'ensuite en tant qu'écrivaine au Belarus, où son travail ne pouvait être publié. Elle a donc dû quitter son pays en 2000 et a séjourné à Paris et à Berlin pendant longtemps. En 2011, elle choisit délibérément de retourner en Biélorussie et devient l'un des visages de l'opposition démocratique dans le pays.

En août 2020, Svetlana Alexievich est intervenue dans les manifestations contre les élections manipulées par le président sortant Loukachenko. Sur une radio libre, elle a exhorté le président à démissionner: "Partez avant qu’il ne soit trop tard, avant de plonger le peuple dans un terrible abîme, l’abîme de la guerre civile. Personne ne veut voir de sang. Vous ne voulez que le pouvoir. Et c’est votre soif de pouvoir qui exige un bain de sang".  Svetlana Alexievich a joué un rôle de premier plan dans le "Conseil de coordination", qui a uni l’opposition à Loukachenko.

En septembre 2020, tous les membres du Conseil de coordination ont été arrêtés, expulsés ou ont disparu sans laisser de traces après avoir été enlevés. Seule Svetlana Alexievich était encore en liberté, probablement parce que le régime n'osait pas s'attaquer à elle en raison de son prestige international. Elle a néanmoins été victime de menaces, à la suite desquelles des diplomates occidentaux ont proposé de la "garder" pour garantir sa sécurité. Alors qu'elle avait initialement l'intention de rester à tout prix en Biélorussie, elle a décidé de partir en Allemagne en septembre 2020, avec l'intention de revenir dès que possible.

En 2020

Koenraad Tinel, sculpteur et artiste, et Simon Gronowski, avocat au barreau de Bruxelles et pianiste de jazz

Le 22 septembre 2020, l’ULB et la VUB ont décerné les insignes de Docteur honoris causa à deux enfants de l’Histoire, deux hommes devenus amis, Simon Gronowski et Koenraad Tinel. Cette cérémonie de remise conjointe des insignes s'est déroulée sur le campus d'Etterbeek de la VUB à l’occasion de sa Séance de rentrée académique.

Koenraad Tinel est un sculpteur et artiste belge. Simon Gronowski est titulaire d'un doctorat en droit, avocat au barreau de Bruxelles et pianiste de jazz. Les deux hommes sont des amis proches, ce qui est peut sembler surprenant compte tenu de leurs origines. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Gronowski s'est échappé du train qui l'emmenait avec sa famille au camp d'extermination d'Auschwitz alors qu'il n'avait que 11 ans. Tinel, quant à lui, a grandi dans une famille flamande qui soutenait les nazis. Leur amitié exceptionnelle est un puissant symbole d'espoir, de bonheur et de paix.


Caroline Pauwels, rectrice de la VUB

Le 8 juillet 2020, l’ULB a remis les insignes de Doctorat honoris causa à Caroline Pauwels, rectrice de la VUB, qui incarne parfaitement les valeurs de l’ULB ainsi que les combats qui ont été menés ces dernières années, la plupart du temps de manière commune par les deux universités.

Citons par exemple la mise en valeur et en pratique du multilinguisme notamment dans l’enseignement, tant obligatoire que supérieur; la défense de la liberté d’expression fortement incarnée par le Difference Day, évènement qu’elle a créé et porte encore de manière très personnelle; la défense de la liberté académique, malheureusement tellement d’actualité notamment avec sa lutte pour la libération du Docteur Djalali, condamné à mort en Iran; sa vision extrêmement positive et volontariste du projet européen, incarné entre autres par l’Université européenne Eutopia qu’elle a initiée avec ses collègues; sa volonté très marquée de rapprochement entre nos deux universités sœurs rattachées à des communautés différentes.
Cette liste non exhaustive illustre à quel point le parcours de Caroline Pauwels est celui d’une femme engagée, résolument optimiste et qui n’hésite pas à prendre part aux débats publics, même sur des sujets très personnels.

En 2019

Le 3 mai 2019, l’ULB et la VUB ont remis les insignes de Doctorat honoris causa à Elena Milashina et Rudi Vranckx lors du Difference Day, organisé à l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.

Elena Milashina

Elena Milashina est une journaliste russe d’investigation pour le journal indépendant Novaja Gazeta. Elle est réputée pour son sens de l’investigation et ses articles critiques sur la violation des droits de l’homme et la corruption gouvernementale. Elle a notamment réalisé un travail d’investigation sur la répression des LGTB en Tchétchénie et dans d’autres parties du Caucase du Nord (en Russie).
Discours d'Aude Merlin

Rudi Vranckx

Rudi Vranckx est considéré comme l'un des journalistes belges et correspondants de guerre les plus estimés de sa profession. Il doit sa notoriété à la façon dont il couvre les conflits internationaux: historien de formation, il s'attache à fournir un éclairage objectif et humain sur les raisons qui poussent les nations à provoquer des conflits meurtriers.

En 2018

  • Le 3 mai 2018, dans le cadre du Difference Day, l'ULB et la VUB ont décidé de remettre pour la première fois conjointement les insignes de Docteurs Honoris Causa à deux célèbres militants ayant consacré leur vie à sauvegarder ces valeurs dans leur pays respectifs. En choisissant Sihem Bensedrine et Pierre Claver Mbonimpa, la liberté d’expression et d’opinion, l’engagement citoyen et la défense des droits de la personne humaine sont au cœur des valeurs communes de nos deux institutions.

Sihem Bensedrine

Tunisienne, ancienne journaliste, militante des droits de l’homme et emprisonnée sous le régime de Zine el-Abidine Ben Ali, elle est aujourd’hui présidente de l’"Instance Vérité et Dignité". Elle a rejoint la Tunisie en 2011, après plusieurs années d’exil.

Pierre Claver Mbonimpa

Burundais, défenseur des droits de l’homme et pionnier de la lutte contre la torture, il a été emprisonné à plusieurs reprises dans son pays. Victime d’une tentative d’assassinat en 2015, il vit aujourd’hui en exil en Belgique

 

Ahmet Insel

Économiste, politiste et journaliste turc, professeur émérite à l'Université de Galatasaray, retenu pour la haute valeur scientifique de son travail et la qualité intellectuelle de son analyse critique de la société turque.
 

Siegi Hirsch

Éducateur, formateur et thérapeute, spécialiste de la transmission transgénérationnelle des traumatismes.
 

Christiane Taubira

Femme politique française retenue pour les combats en faveur des diversités menés en tant que Garde des Sceaux de la République française sous le gouvernement de François Hollande.
 

Ken Loach

Cinéaste anglais retenu pour son oeuvre militante relative aux conflits sociaux et la lutte pour le droit des travailleurs ou des immigrés clandestins

Christian Debuyst


Criminologue, professeur émérite de l'UCL, retenu pour sa diversité disciplinaire, ses ancrages réflexifs et sa prise en compte de la diversité des points de vue comme pari éthique - Droit et Criminologie
 

Agnès Van Zanten

Professeure à l'Institut d'études politiques de Paris, retenue pour ses travaux sur le fonctionnement inégalitaire et élitiste du système éducatif français - Sciences psychologiques et de l'éducation
 

Jan Van Impe

Professeur ordinaire à la KULeuven, retenu pour l'impact scientifique de ses recherches tant fondamentales qu'appliquées et leur impact sociétal, notamment dans le domaine de la santé publique ou dans la coopération avec les PVD - Polytechnique et Bioingénieurs
 

Monique Capron

Professeure d'immunologie à l'Université de Lille, ancienne présidente du Conseil d'administration de l'Institut national (français) de la santé et de la recherche médicale qui a noué des relations intenses avec l'Hôpital Erasme - Pôle Santé
 

Les DHC de l'Université et des facultés depuis 1973

  • 2005: Fadela Amara, Baltasar Garzon, Pierre Goldschmidt, Alpha Oumar Konaré, Robert Maistriau, Radhia Nasraoui 
  • 2005: Jean-Noël Jeanneney, Philippe Jestaz, Cheryl Elisabeth Praeger, Sébastien Candel, Joël Bockaert, Michael Herzfeld, James L. McClelland, Alan B. Krueger
  • 2004: Philippe Busquin
  • 2002: Hywel Ceri JonesDomenico LenarduzziAlan SmithAngélique Verli
  • 2001: Toots Thielemans (ULB-VUB)
  • 2000: Louise ArbourNora Irma Morales De CortinasSimone SusskindWassyla TamzaliJoaquim Chissano
  • 1999: Jean-Didier Vincent
  • 1998: Claude Allègre
  • 1997: Marc Van MontaguAndré Capron
  • 1996: Immanuel WallersteinBaron Arthur HaulotMarek Edelman
  • 1995: Théodore AngelopoulosAndré DelvauxHenri StorckAndrzej Wajda
  • 1994: Simon WiesenthalS.M. Albert IIPierre Alechinsky
  • 1993: Edgar Morin
  • 1992: Fédérico MayorHubert Reeves
  • 1991: Bronislaw GeremekArpad Göncz et Vaclav Havel
  • 1990: Alexandre Dubcek
  • 1989: Doïna Cornéa et Fang Lizhi
  • 1987: Abdou DioufShimon PeresSandro PertiniMario Soares
  • 1984: Simone VeilWilly BrandtNelson MandelaAndréi SakharovAltiero Spinelli
  • 1979: Maurice Béjart et Paul Delvaux
  • 1973: Salvator Allende

Le cérémonial

Les autorités académiques revêtent à l'occasion de cette séance académique une tenue vestimentaire composée d’une toge, d’une toque et, dans le cas du Recteur, d’une épitoge. Le port de la toge et de la toque est inspiré du portrait d’Érasme par Holbein le Jeune
L’Université rend ainsi hommage au grand humaniste dont l'esprit encyclopédique et la liberté de pensée et d'expression s'accordent avec les principes fondamentaux de l'Université du libre examen.

La toge de l’ULB est noire, rehaussée de fourrure pour le président de l’Université et les recteurs (le recteur en fonction et les recteurs honoraires), et d’une bande de couleur distincte pour les représentants de l’autorité facultaire.

La toge du recteur s’accompagne d’une épitoge, bande d’étoffe distincte portée sur l’épaule. Celle de l'ULB est en soie bleue, rehaussée de fourrure blanche, d'un sceau au flambeau brodé en or, et d'un cordon vert et rouge qui précise les liens privilégiés et confiants qui lient l'ULB et la Ville de Bruxelles.

Chaque Docteur Honoris Causa reçoit l’épitoge de l’ULB, un diplôme rédigé et lu en latin et une médaille argentée frappée à l'effigie du sceau au flambeau. L'éloge qui retrace la carrière et les mérites de chaque lauréat est prononcé en français. 

C'est le recteur de l'Université, secondé en séance par le pro-recteur et l'ancien recteur, qui décerne les insignes de DHC. Quand la séance solennelle s'achève, le nouveau lauréat fait désormais partie à part entière de la communauté universitaire.
Mis à jour le 9 janvier 2024