Publié le 25 avril 2025 Mis à jour le 30 avril 2025

Les visages de la campagne anti-discrimination de l’ULB, ce sont eux: Elio et Laure. Avec Nour à la réalisation, ils ont mené des interviews sur le campus pour créer des capsules vidéo fortes. Des récits de vie qui donnent corps aux slogans, et les humanisent.

Elio Acar

Quand Elio Acar, en dernière année de sciences politiques, se promène sur le campus, il arrive que des étudiants le reconnaissent et l’interpellent pour le remercier. «  Ils me disent que grâce à moi, ils ont pu parler politique avec leurs parents, que je les ai aidés à voter, ça me conforte dans l’idée que je suis sur la bonne voie », confie-t-il. C’est que ce jeune Belgo-Turc de 24 ans, qui se définit comme créateur et réalisateur de contenu pour Instagram, a percé sur le réseau social au printemps 2024 avec son compte @elioacar (20.000 followers). Ce qui l’a fait connaître? Une vidéo expliquant aux jeunes la différence entre la gauche et la droite en vue des élections de juin, suivie d’interviews des présidents de partis… « Au fil de mes études, j’avais perçu un décalage entre ce que je comprenais de la politique, étant baigné dedans, et ce que d’autres étudiants, dans d’autres facs comprenaient, observe Elio. Je trouvais qu’il y avait là un réel problème démocratique. C’est ainsi qu’est née cette vidéo développée avec le Centre d’études de la vie politique (Cevipol). Et puis, tout s’est enchaîné…» 

Désormais, Elio est une référence en matière de décryptage de l’info pour les jeunes, comme l’est, en France, Hugo Décrypte – avec une audience certes à une autre échelle. « Quand je vois que ce gars a commencé à faire des vidéos tout seul dans sa chambre pour parler de politique en étant étudiant en sciences-po et qu’il a désormais une équipe de journalistes et est devenu un vrai média sur TikTok, je me dis que c’est possible », se réjouit Elio.


Démarche réflexive

C’est donc assez logiquement que l’étudiant, qui a débuté ado sur la Toile en postant des clips YouTube de lui jouant aux jeux vidéo, a accroché à la campagne anti-discrimination de l’ULB. Il a décidé d’y prendre part, avec sa comparse en coulisse, Nour Verkindere, étudiante en sciences-po aussi et tout aussi impliquée dans leurs projets, que ce soit pour la conception ou la réalisation. « Cette réflexion sur les discriminations et le racisme fait partie des valeurs qui nous ont poussés à nous intéresser à la politique, explique en chœur le duo. Et puis, dans cette campagne, on aborde aussi la question du libre examen que l’on trouve cruciale dans un contexte de polarisation croissante de la société. Par ailleurs, l’ULB nous a laissé ‘carte blanche’. Cela nous a mis en confiance. Nous ne voulions pas être juste un visage. Dans cette campagne, il y a la volonté de reconnaître la situation et de ne pas idéaliser l’ULB comme s’il ne s’y passait jamais rien. Nous avons aimé cette démarche réflexive et l’envie de donner la parole à celles et ceux qui vivent sur le campus, qui peuvent avoir vécu des violences racistes. On a senti que ce n’était pas une campagne moralisatrice.» Ont-ils peur des réactions sur les réseaux? « Le propre de cette campagne est de donner la parole à la communauté universitaire. Si l'espace dédié aux commentaires est rempli de réactions, que les gens parlent entre eux – et que c’est fait de manière saine et respectueuse bien sûr –, l’objectif sera atteint », conclut le tandem.


Laure Fornier

Une deuxième créatrice de contenu a pris part à cette campagne anti-discrimination et aux interviews réalisées au square G sur un divan anachronique: Laure Fornier alias @mlle.laure.f et ses plus de 41.000 followers sur Instagram. Derrière ce pseudo, se cache une pétillante trentenaire qui a toujours vécu à Ixelles, ou presque, mais affirme ses racines congolaises, devenant un modèle pour la jeunesse, sans pourtant avoir visé cela. « J’ai été animatrice sur Tarmac, le média jeune de la RTBF, et pour Mouv’, qui dépend de Radio France. C’est ainsi que mon Instagram a gonflé sans que je le veuille vraiment, raconte-telle. Ce qui me touche, c’est qu’il y a désormais des femmes qui s’identifient à moi, parce que j’ai des formes, les cheveux frisés, la peau un peu mate, et que j’assume. Elles me disent : ‘tu nous montres qu’il faut y croire’.»

Pour l’influenceuse, chaque collab doit avoir du sens. Elle a déjà travaillé avec Bruxelles Propreté, Amnesty International... Quand Elio lui a proposé de rejoindre la campagne, elle n’a donc pas hésité. « À l’opposé des trois singes qui se cachent les oreilles, la bouche et les yeux, l’ULB ne fait pas comme si le racisme n’existait pas, souligne-t-elle. Et plutôt que de faire parler des pros, elle donne la parole à des personnes qui le vivent au quotidien. Les histoires de vie sont plus fortes que la théorie pour faire passer un message. Cela apporte un éclairage tant à ceux qui ont parfois l’impression que le racisme n’existe pas, qu’à ceux qui pensent qu’ils ne peuvent rien faire contre. »

Fanny Bouvry, Département de la communication et des relations extérieures