Publié le 4 décembre 2025 Mis à jour le 4 décembre 2025

Fonds, legs et dons permettent à l’ULB de renforcer l’enseignement, la recherche et la qualité de la vie étudiante tout en honorant la volonté des donateurs. Françoise Magerman, directrice financière adjointe, explique comment chaque contribution, grande ou petite, se transforme en projets concrets et durables.

Ingénieure de gestion, sortie de la promotion Solvay 1991, Françoise Magerman est aujourd’hui directrice financière adjointe de l’ULB, en charge de la comptabilité, de la gestion financière de la recherche, du patrimoine, du contrôle interne et du développement économique. Profondément attachée à notre Institution, elle a intégré le Département de gestion financière à la sortie des études avec l’engagement qui la caractérise et qui l’anime toujours aujourd’hui. Au fil d’un entretien qu’elle nous a accordé, elle explique comment fonctionne la récolte de dons et de legs et les Fonds à l’ULB.

Quel est le rôle du fundraising dans une université publique?
Il apporte des moyens complémentaires qui permettent de soutenir des actions précises ou de renforcer des missions existantes, les sources de financement public étant limitées.

Quels types de projets sont financés par les dons?
Les dons permettent de soutenir une grande variété de projets. Dans le domaine de l’enseignement, les dons servent à encourager la réussite et l’excellence des étudiants : ils financent par exemple des prix pour les travaux de fin d’études, des aides financières pour les mémoires, des bourses de mobilité, ou encore la mise en place de chaires d’enseignement. Ils permettent aussi d’inviter des conférenciers belges et étrangers, ce qui enrichit l’expérience académique. Pour la recherche, les dons constituent un levier essentiel. Ils peuvent financer du personnel scientifique ou des doctorants, l’achat d’équipements, ou encore des projets spécifiques, comme ce fut le cas pour la recherche médicale pendant la pandémie de Covid. Les dons soutiennent également la publication scientifique, les séjours à l’étranger et l’organisation de colloques.

Ces dons ont également une importance sur le plan social, voire sociétal...
En effet, sur le plan social, ils jouent un rôle majeur dans le soutien aux étudiants. Ils permettent d’octroyer des bourses d’études ou de voyages, d’apporter des aides au logement ou à l’achat de matériel académique, et de soutenir les étudiants à besoins spécifiques. Enfin, les dons contribuent à l’engagement sociétal de l’Université. Ils soutiennent des initiatives telles que celles d’ULB Engagée ou d’ULB Coopération (lire par ailleurs), des projets liés aux enjeux climatiques, ou encore des actions de solidarité envers les réfugiés et les populations en difficulté, que ce soit en Grèce, en Ukraine ou ailleurs. Plus largement, ces contributions peuvent aussi participer au développement global de l’Université, par exemple en contribuant à la construction ou à la rénovation de bâtiments.

Ces dons et legs nécessitent-ils des démarches spécifiques?
Tant des particuliers que des entreprises ou organismes divers peuvent faire des dons à l’Université, afin de soutenir certaines actions ou missions. Le don a un caractère irrévocable et désintéressé (ou sans contrepartie). Il peut être spontané ou répondre à des appels faits par l’Université elle-même, sa communauté, ses partenaires (ULB Engagée, Schola, ULB Coopération…). Les dons peuvent être matérialisés par un simple versement. Toutefois, pour être inopposables aux tiers dans les trois à cinq ans (en fonction des Régions), les dons peuvent également faire l’objet d’un acte de donation passé chez le notaire. En fonction des montants, le passage devant notaire pourra être indiqué. Les donations sont faites du vivant du donateur alors que le legs est un don matérialisé dans un testament, qui survient lors du décès du donateur.

Comment un particulier peut-il léguer une partie de son patrimoine à l’Université?
Un particulier peut coucher l’Université sur son testament, soit olographe, soit authentique c’est-à-dire, enregistré chez le notaire. L’avantage, c’est que l’Université bénéficie d’un taux de taxation réduit et unique sur les successions et donations. En Région wallonne et en Région bruxelloise, il existe en outre un mécanisme de « legs en duo » qui consiste à léguer par testament une partie du patrimoine à l’Université, faiblement taxée en droit de succession, l’Université se chargeant de supporter la totalité des droits de succession afférents aux autres légataires. Ce type de legs est avantageux dans le cas où il n’y a pas d’héritiers directs et dès lors où les héritiers sont taxés à des taux pouvant aller jusqu’à 80%.

«La volonté de transmettre, au-delà de sa vie, un héritage durable au service du savoir, de la recherche et de la solidarité.»

Concrètement, auriez-vous un exemple?
Pour un legs classique de 250.000 euros en faveur d’un neveu, les droits de succession s’élèveront à 140.000 euros et le montant net perçu par le neveu sera de 110.000 euros. En revanche, pour un legs en duo de 250.000 euros, avec 150.000 pour le neveu et 100.000 pour l’ULB, le montant total des droits de succession s’élèvera à 79.500 euros, supporté par l’Université, celle-ci recevant 20.500 euros et le neveu percevant 150.000 euros. Cette technique de legs en duo favorise donc le neveu tout en soutenant l’Université.

Comment s’assurer que la volonté du donateur sera respectée?
Lorsqu’un particulier envisage de léguer tout ou partie de son patrimoine à l’Université, celle-ci s’engage au respect de sa volonté. Une rencontre ou un échange préalable lorsque ceci est possible permet de clarifier les volontés. Ainsi, à l’instar de la Fondation Roi Baudouin, l’Université gère en son sein plus de 200 fonds internes dédiés à la recherche, à l’enseignement ou au secteur social. Si les capitaux sont confiés en gestion auprès de différents professionnels de la gestion de portefeuilles, sous la responsabilité du Département de gestion financière, chaque fonds dédié dispose d’un règlement garantissant le respect des volontés du donateur et d’un comité de gestion qui veille à l’utilisation des revenus du fonds. La capitalisation des fonds les rend pérennes.

Quels types de projets ont été rendus possibles grâce à des legs?
Les legs ont un impact considérable sur la vie de l’Université. Sur le plan social, plusieurs fonds ont été créés grâce à la générosité de testateurs. La Résidence Elio Conte est un très bel exemple: il s’agit d’une résidence étudiante dont certaines chambres sont entièrement gratuites, rendue possible grâce au don de Monsieur Conte de son vivant. D’autres fonds, comme le Fonds Colette Genicot, soutiennent l’aide sociale aux étudiants en situation de handicap, en finançant l’adaptation de leur environnement d’études. Et le Fonds Lewin – de Castro vient également renforcer cet engagement social, notamment par son soutien ciblé aux étudiants.

Et en matière de recherche?
Les legs jouent aussi un rôle crucial dans le financement de la recherche. Le Fonds Gaston Ithier soutient des projets de recherche dans la lutte contre le cancer, tandis que le Fonds Theyskens-Mineur finance des travaux en sciences biomédicales, tant fondamentales qu’appliquées. Le Fonds Van Balberghe-Verhaegen, quant à lui, appuie la recherche en biomécanique, l’évaluation clinique de l’appareil locomoteur, et les projets liés à la recherche contre le cancer.

Avez-vous des exemples en ce qui concerne l’enseignement?
Plusieurs legs soutiennent directement l’enseignement et la formation. Le Fonds Camille Gutt, rattaché à Solvay (SBS-EM), encourage la recherche et l’excellence dans le domaine de l’économie et des finances publiques à travers des bourses, des prix, des colloques, des conférences ou des journées d’études. Le Fonds Medhi Ghodsi, de son côté, récompense chaque année le meilleur travail de fin d’études de l’École polytechnique de Bruxelles, dans la filière chimie science des matériaux. Ces legs témoignent d’un attachement profond à l’Université et de la volonté de transmettre, au delà de sa vie, un héritage durable au service du savoir, de la recherche et de la solidarité.

«La somme de petits dons permet parfois de réaliser des projets d’envergure!»

Quels sont les avantages fiscaux pour les donateurs?
Les dons versés à l’Université donnent droit à une réduction d’impôt équivalente à 45% du montant versé, pour autant que le total annuel des dons à l’Université atteigne 40 euros. Pour bénéficier de cette réduction, le montant global des libéralités versées par une personne physique est limité à 10% de l’ensemble de ses revenus nets et plafonné à 408.130 euros pour l’année de revenus 2024 (exercice d'imposition 2025).

Comment l’Université honore-t-elle la mémoire ou les intentions des donateurs?
Lors de la création de fonds interne, celui-ci peut porter le nom du donateur, ce qui permet la visibilité de l’origine du don ou du legs. Lorsque le fonds est plus générique, l’origine des fonds est toujours indiquée dans le règlement du fonds. Lorsqu’il s’agit d’un soutien financier dans le cadre d’un projet immobilier, une plaque peut être apposée, un auditoire peut également porter le nom d’un généreux donateur... En revanche, il faut se rendre compte que pour l’Université, chaque don est important, quel qu’en soit le montant. Le traitement est le même, quelle que soit l’ampleur du don. Au-delà d’un montant, il y a l’intérêt porté à notre Institution, le soutien aux équipes, aux étudiants… la somme de petits dons permet aussi de réaliser des projets d’envergure! L’Université s’appuie également sur une plateforme de récolte de don digitale.

Comment fonctionne-t-elle?
En 2020, l’ULB a choisi un outil de récolte de don digitale qui permet à l’Université et à ses différentes entités de proposer des campagnes de collecte de fonds agiles et définies dans le temps via un formulaire en ligne, pour financer des initiatives universitaires, sociales, de recherche, ou solidaires. Ce type de plateforme permet une relation avec les donateurs plus transparente. Pour chaque campagne, l’objectif et sa durée sont indiqués. L’outil permet également de rester en contact avec les donateurs et de les informer de ce à quoi les dons vont servir. Son accessibilité en ligne facilite le processus de don.

Thibault De Norre
 
ULB Horizons, c'est quoi?

La Cellule ULB Horizons de l’Université (ex-Cellule Patrimoine) joue un rôle central dans la gestion et la valorisation des ressources patrimoniales, tant mobilières qu’immobilières. L’équipe, pilotée par Élodie Damien, est composée de 6 personnes spécifiquement en charge du suivi des legs, des dons/donations et des fonds internes dédiés. Elle assure l’instruction complète des dossiers de successions/ donations, de leur réception jusqu’à leur liquidation, en veillant au respect des volontés des légateurs/donateurs et en lien étroit avec les acteurs concernés (notaires, autres héritiers…). La Cellule supervise les fonds internes dédiés en s’assurant de leur bonne utilisation et de leur affectation conforme aux décisions ou aux volontés exprimées lors de leur constitution. L’expertise mobilière et immobilière de l’équipe permet de garantir une gestion patrimoniale rigoureuse ainsi que d’optimiser et de valoriser les actifs concernés.