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Juin|Elections 2024: quel est l’impact des réseaux sociaux?

Publié le 15 novembre 2023 Mis à jour le 9 janvier 2024

Le 9 juin, les Belges doivent élire leurs représentants au fédéral, à la région et à l’Europe. Si la campagne électorale n’a pas encore officiellement commencé, les affrontements entre partis et élus sont quotidiens sur les médias sociaux. La communication politique est-elle aujourd’hui plus agressive ? Avec quel effet sur l’électorat ? Analyse avec Caroline Close.

La communication politique et la manière de faire campagne ont-elles évolué avec l’avènement des réseaux sociaux ?

Caroline Close : Oui, les médias sociaux, et avant cela le développement d’Internet, ont rendu cette communication plus directe, sans les «filtres» des médias traditionnels, plus immédiate, et plus permanente.

Vous avez participé à une étude qui a analysé le contenu des messages publiés sur X (anciennement Twitter) par les partis et leurs présidents de janvier 2022 à mars 2023. Elle révèle que plus d’1 tweet sur 4 est une attaque contre un autre parti ou élu. Les réseaux sociaux exacerbent-ils la communication politique négative ?

Caroline Close : C’est encore en débat. On sait toutefois que les contenus négatifs, ou du moins conflictuels, sont diffusés plus largement par les algorithmes propres à chaque plateforme, et peuvent donc atteindre une audience plus importante. Dans tous les cas, la communication politique en ligne n’apparait pas plus négative chez nous qu’ailleurs.

Notons aussi que ce n’est pas un phénomène nouveau. Les attaques sont même au cœur de la compétition politique. Il y a bien sûr des variations entre partis. Le degré d’agressivité, de virulence et d’incivilité sera notamment plus important dans les partis radicaux ou antisystème. Pour les partis de l’opposition, cela fait partie de leur rôle de remettre en question les décisions du gouvernement. Quand les partis de gouvernement attaquent leurs partenaires de coalition, c’est un moyen de (ré)affirmer où se situe le parti idéologiquement. Un de mes projets de recherche s’intéressera à analyser l’évolution de la communication en ligne des partis avant et après la formation de coalition afin de voir comment les partis désignent leurs adversaires, puis se «réconcilient» lorsqu’ils doivent s’allier pour gouverner.

Voir les partis et élus se charger fréquemment par tweets interposés influence-t-il la vision que les citoyens ont du monde politique ?

Caroline Close : Globalement, l’impact de la communication politique en ligne sur les perceptions des électeurs est un sujet sur lequel on a encore relativement peu de recul. Certaines recherches montrent que la communication H24 sur les réseaux sociaux peut avoir un effet d’accélérateur de tendances préexistantes, telles que la crise de confiance dans les institutions démocratiques. Pour autant, et cela peut paraître contre-intuitif, une communication assertive peut renforcer l’adhésion, voire la confiance, des électeurs envers leur «propre» groupe, et donc partis ou leaders, tout en renforçant leur méfiance envers les autres groupes politiques.

En période électorale, les réseaux sociaux peuvent-ils faire pencher la balance ?

Caroline Close : En 2019, la montée du Vlaams Belang (et dans une moindre mesure du PTB-PVDA) a été en partie expliquée par leur développement impressionnant sur les réseaux sociaux. Mais cela reste une hypothèse. Et ce développement en ligne s’est accompagné par un investissement sur le terrain. L’efficacité de la communication politique sur les réseaux sociaux dépend de l’usage que les partis en font : contenus sponsorisés, utilisation de techniques de « ciblage », etc. Pour certains, les questions éthiques de ces stratégies sont de vrais enjeux et obstacles, quand d’autres s’en accommode assez facilement…

Camille Stassart