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Octobre|Vaccination: de la sensibilisation à la formation continue

Publié le 15 novembre 2023 Mis à jour le 9 janvier 2024

La saison automnale, couplée à la rentrée scolaire, est souvent une période charnière pour les enfants, qui se retrouvent exposés à de nouveaux microbes. Entre 5 et 8 ans, il est ainsi conseillé de les vacciner contre plusieurs infections (pneumocoque, coqueluche, poliomyélite, rougeole…). Or, selon l’UNICEF, la pandémie de COVID-19 a fait chuter la perception de l’importance de la vaccination infantile dans de nombreux pays, y compris en Belgique. Explication avec Pierre Smeesters.

Quels sont les défis actuels pour améliorer ou développer de nouveaux vaccins ?

Pierre Smeesters : D’un point de vue technique, des efforts restent à faire dans l’allocation des ressources humaines et financières. Bien qu’il existe des collaborations internationales pour développer ou améliorer les vaccins, de nombreuses infections mortelles bien connues restent négligées. C’est notamment le cas du streptocoque A, responsable d’1 demi-million de décès dans le monde chaque année, y compris en Belgique. Chez nous, il tue davantage que la méningite, par exemple, alors qu’il existe un vaccin pour cette dernière. Un autre défi sera de proposer, à l’avenir, une médecine plus personnalisée. Beaucoup d’études sont actuellement menées pour prédire la manière dont chaque individu va réagir à tel ou tel vaccin et déterminer lesquels donneront le meilleur résultat selon le passé immunitaire du patient.

Encore faut-il que la population, dont les parents, soit convaincue du bien-fondé de la vaccination.

Pierre Smeesters : Oui, c’est un réel enjeu et ce, depuis longtemps. Et la pandémie de COVID-19 a probablement fait du tort au programme de vaccination en général, en raison de la désinformation qui a circulé autour des vaccins anti-covid, mais aussi dû au manque de pédagogie lors de la campagne de vaccination. Des personnes qui n’étaient pas hésitantes face à la vaccination le sont devenues. Et si je pense que c’est une bonne chose qu’on se pose des questions sur le sujet, il est essentiel de se renseigner auprès de sources fiables, comme les professionnels de la santé. Néanmoins, la vaccinologie est un domaine complexe, et les soignants sont parfois démunis face aux questions – parfois très précises – des patients.

Il existe donc aussi des défis à relever en termes de formation continue. Quels sont les leviers existants ?

Pierre Smeesters : Depuis 2021, il existe un certificat interuniversitaire en vaccinologie, le premier du genre en Fédération Wallonie-Bruxelles, qui se concentre sur les aspects scientifiques, sociologiques et communicationnels de la vaccination. En parallèle, un symposium sur la vaccination est organisé chaque année en février depuis 5 ans par le Groupe Interuniversitaire d’Experts en Vaccinologie. L’occasion de répondre aux questions des personnes amenées à vacciner dans le cadre de leur profession, mais aussi de les informer des différents changements en matière de vaccination, et des raisons motivant ces changements.

Au-delà des soignants, d’autres acteurs pourraient être envisagés pour gérer les doutes du public sur la vaccination ?

Pierre Smeesters : Le public devrait pouvoir obtenir des réponses de la manière la plus objective possible. Il pourrait être intéressant d’investir dans une structure qui pratiquerait du « fact checking » des informations qu’on trouve dans les médias ou sur Internet, et répondrait aux interrogations de la population de façon pédagogique, factuelle, et sans porter de jugement.
 

Camille Stassart