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«Bruxelles, à la fin des années soixante, était une ville douce, facile à appréhender»: Eddy Vermeulen, Docteur Honoris Causa 2025, nous parle de son amour pour Bruxelles

Publié le 8 décembre 2025 Mis à jour le 8 décembre 2025

Le 4 décembre 2025, la VUB et l’ULB ont décerné le titre de Docteur·e honoris causa à plusieurs voix culturelles remarquables qui incarnent, décrivent ou imaginent Bruxelles de manière exceptionnelle. Le musicien Stromae, les autrices Lize Spit et Amélie Nothomb, ainsi que les illustrateurs Ever Meulen et François Schuiten ont chacun, dans leur discipline, apporté une contribution marquante à l’histoire urbaine, sociale et culturelle de Bruxelles. L’illustrateur Ever Meulen, nom de plume d’Eddy Vermeulen, installé dans la capitale depuis 1967, explique pourquoi la ville continue de faire battre son cœur.

Originaire de la petite ville de Kuurne, en Flandre-Occidentale, Bruxelles représentait pour moi la grande ville. Tout s’y passait. Mes illustrateurs préférés, Hergé et E.P. Jacobs, y vivaient, tout comme mes héros sportifs, Eddy Merckx et Jacky Ickx. Et pourtant, enfant, je rêvais plutôt d’Amsterdam, de Londres ou de New York.
 

« L’Atomium est devenu pour moi une sorte de fétiche »


J’ai fait mon service militaire à la caserne Géruzet. Je n’ai jamais été aussi proche de la VUB. J’ai brièvement étudié à l’université de Gand, mais il était clair que mes ambitions n’étaient pas là. Je ne savais que dessiner. J’ai commencé des études de graphisme à Gand avant de les terminer à Bruxelles.

À la fin des années soixante, Bruxelles était une ville accueillante, facile à vivre. Aujourd’hui, elle est devenue une véritable métropole, et j’ai observé cette transformation au fil du temps. Je me rends encore régulièrement dans le centre, je passe à Bozar ou je rends visite à des amis proches de la Grand-Place. Il m’arrive aussi d’acheter des cartes postales chez Plaizier.

Enfant, j’avais visité l’Exposition universelle de 1958 et j’avais été fasciné par l’Atomium. Dès que je le pouvais, j’intégrais sa silhouette dans mes dessins. Encore aujourd’hui, quand je suis dans les environs, je fais un petit détour. L’Atomium est devenu pour moi une sorte de fétiche.

Bruxelles a toujours été au cœur de mon travail graphique. Il y a quelques années, Louis Vuitton m’a demandé de réaliser un carnet de voyage, un ouvrage luxueux. Ils souhaitaient m’envoyer quelque part d’exotique — le Japon ou l’Australie — peu importait, même si 'était coûteux. Mais j’ai choisi ma propre ville, parce que je préfère dessiner ce que j’aime et ce que je connais le mieux. Ce n’est pas le but, m’ont-ils répondu : un carnet de voyage doit justement raconter un ailleurs. Ils y ont réfléchi un moment. Finalement, ils ont accepté, et j’ai pu réaliser 120 dessins de mes lieux préférés. Avec ma compagne Viviane, une authentique Bruxelloise, nous partions le dimanche matin à bord de notre vieille Chevrolet Corvair. Nous visitions les endroits que je voulais représenter dans le livre: Viviane prenait les photos, moi je faisais les esquisses.
 

« Louis Vuitton voulait m’envoyer à l’autre bout du monde, mais j’ai choisi Bruxelles. Je préfère simplement dessiner ce que je connais et ce que j’aime. »


C’est surtout l’architecture qui m’inspire. Il y a ces magnifiques cités-jardins, Floréal et Le Logis, mais j’ai aussi dessiné la rue de la Loi avec son trafic chaotique. L’architecture moderniste des années 1920 et 1930 m’a profondément influencé. Bruxelles en possède de superbes exemples: l’immeuble d’angle place des Étoiles à Ixelles, le Palais de la Folle Chanson, ou encore la Résidence Ernestine un peu plus loin. J’ai également représenté des bâtiments atypiques, comme l’ancienne brasserie Wielemans à Forest. Et de spectaculaires villas à Rhode-Saint-Genèse, la Villa Empain près du Bois de la Cambre, ou encore le Palais Stoclet à Woluwe-Saint-Pierre. Malheureusement, je n’ai jamais pu le visiter.

Propos recueillis par Liesbeth Van Cauwenbergh (VUB)

Lieu(x)
Bruxelles