Dans la même rubrique
-
Partager cette page
L’ULB transmet la mémoire de l’exil chilien : "Le formidable élan de solidarité envers les exilés chiliens résonne encore aujourd’hui"
À l’occasion de la visite d’État des souverains belges au Chili du 23 au 26 juin 2025, une délégation de l’Université libre de Bruxelles (ULB) accompagne le déplacement officiel. Cette mission symbolique et politique entend réaffirmer le rôle historique et toujours actuel de l’ULB comme institution d’accueil des exilés, tout en consolidant ses partenariats avec les universités chiliennes.
Une histoire d’accueil et de solidarité
Depuis le coup d’État de 1973 qui mit brutalement fin à l’expérience démocratique conduite par Salvador Allende, l’ULB s’est mobilisée pour offrir un refuge aux chercheurs, enseignants et étudiants réfugiés politiques. Les archives de l’Université révèlent l’ampleur de cet engagement : financement de mandats pour des académiques et/ou chercheurs chiliens, bourses de coopération pour des étudiant·es en danger, mobilisation de professeurs et d’associations étudiantes, soutien logistique et politique aux exilés. Dès novembre 1973, le Conseil d’administration de l’Université décernait à titre posthume le titre de Docteur Honoris Causa à Salvador Allende. En 1979, la Salle (d’art contemporain) Allende voyait le jour au cœur du campus. En 2014, un buste du président chilien était inauguré sur l’avenue Héger en présence de sa fille Isabel Allende.L’ULB est et restera un refuge pour les chercheurs et les étudiants menacés par la guerre, la persécution, et contraints à l’exil. Cet engagement fait partie intégrante de nos valeurs, de notre tradition d’accueil et de notre devoir de solidarité. Il est au cœur des plus belles amitiés, comme celle qui nous lie profondément à la communauté chilienne. La mémoire de leur résistance reste vivante, notamment, à travers le buste de Salvador Allende sur le campus du Solbosch, et surtout dans les échanges humains, scientifiques et culturels qui continuent d’enrichir nos deux pays.
L’ULB aujourd’hui : un devoir de mémoire et une responsabilité d’avenir
La visite le mardi 24 juin au Musée de la Mémoire et des Droits Humains de Santiago constitue un moment fort de cette mission. La rectrice de l’ULB, Annemie Schaus, y participe à une cérémonie officielle de donation lors de laquelle seront remis des documents d’archives de l’ULB contribuant à enrichir les collections du musée et à inscrire la mémoire de l’exil chilien dans une perspective transnationale.
« Le formidable élan de solidarité envers les exilés chiliens qui fuyaient la dictature dans les années 1970 résonne encore dans l'actualité. Ces gestes d'humanité sont une puissante source d'inspiration pour les nouvelles générations." souligne Fréderic Louault, Professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles et Co-directeur du Centre d'étude des Amériques (AmericaS/MSH), à l’origine du don d’archives de l’ULB.
Parmi les projets mis en lumière figure également Mi Barrio Bruxelles, une plateforme numérique et collaborative innovante, initiée par Ema Tytgat Paredes, alumna de l’ULB, qui mobilise les outils de l’anthropologie visuelle et de la mémoire pour documenter les histoires et les lieux de l’exil. Ce projet incarne la volonté de créer un patrimoine partagé et d’ouvrir de nouveaux espaces de narration, d’exposition et de transmission. Il se veut un véritable laboratoire de réflexion sur les dimensions de l’exil et les formes de construction diasporique. Dans le cadre de ce projet, Ema collabore avec l’ULB pour la valorisation des archives universitaires et celles de la radio Campus Latino.
Un engagement universitaire durable
Au-delà de la mémoire, la mission vise à renforcer les liens scientifiques entre l’ULB et plusieurs institutions chiliennes partenaires. Actuellement, plus d’une trentaine de collaborations actives sont en cours, couvrant un large spectre disciplinaire. À travers cette mission, l’Université souhaite développer de nouveaux échanges académiques, notamment autour des sciences humaines et sociales et des enjeux de citoyenneté.Fidèle à son esprit libre et solidaire, elle reste un refuge pour celles et ceux que l’oppression, la guerre ou la persécution contraignent à l’exil. Cette tradition d’accueil se manifeste toujours aujourd’hui à travers plusieurs dispositifs institutionnels, notamment l’adhésion à Scholars at Risk, la mise en place du Fonds de solidarité ULB Khaled Al-Asaad ou plus récemment le programme ULB « Bulles d'air » qui permettent de soutenir les académiques, les chercheuses et chercheurs en danger. Plus que jamais, l’ULB continue de défendre la liberté académique et la protection des voix dissidentes, dans la droite ligne de son engagement pour les exilés chiliens dans les années 1970.