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République Démocratique du Congo: une tragédie humanitaire qui nécessite une mobilisation immédiate
Publié le 18 février 2025
– Mis à jour le 18 février 2025
Depuis plus de 30 ans, l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est le théâtre d’une tragédie humanitaire sans précédent qui a fait plus de 10 millions de morts, a entraîné des déplacements massifs de population et a été marquée par des violences systémiques, dont les viols utilisés comme armes de guerre. La situation actuelle dans les provinces du Nord et du Sud Kivu est marquée par une barbarie insoutenable.
Les hostilités menées par le M23 et ses partisans laissent derrière eux des milliers de morts et de victimes de violences sexuelles en particulier parmi les femmes et les enfants, des dizaines de milliers de déplacés, des destructions de villes et de villages. L’escalade à laquelle nous assistons, en ce compris l’agression/invasion du territoire congolais par des forces étrangères en provenance du Rwanda, risque d’embraser toute la région des Grands Lacs en l'entraînant dans une guerre destructrice et sanglante.
Cependant, plus d’une décennie après sa signature, l’Accord-Cadre n’est pas appliqué… Manœuvres politiques, absence de volonté réelle et violations répétées des engagements pris ont sapé les efforts de stabilisation, maintenant la RDC et toute la région des Grands Lacs dans une instabilité chronique. Certes, il est encourageant de voir que les processus de Nairobi et de Luanda ont été revitalisés. Toutefois, pour qu’une paix durable puisse être instaurée dans la région, il est indispensable de mettre en œuvre l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba.
Ceci devrait permettre de relancer un processus favorisant l’implémentation de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, ce qui requiert que:
1. tous les États signataires respectent leurs engagements, en cessant tout appui aux groupes armés et en promouvant une coopération régionale de bonne foi;
2. les réformes institutionnelles prévues soient appliquées sans délai pour garantir une gouvernance efficace et inclusive en RDC;
3. la communauté internationale exerce une pression diplomatique accrue afin que les violations de l’Accord ne restent pas impunies.
Sans l’application pleine et entière de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, aucune initiative de paix ne pourra être véritablement efficace. Seule une mise en œuvre rigoureuse de cet instrument permettra de briser le cycle infernal de la violence.
Susanne ALLDÉN, Maître de conférences et chargée de recherches, Université de Linnaeus, Suède
Anne WEYEMBERGH, Professeure - Université libre de Bruxelles, Belgique
Sophie BERGERON, Professeure, Université de Montréal, Canada
Jennifer FOUCART, Professeure, Université libre de Bruxelles
Bérangère TAXIL, Professeure, Université d’Angers, France
Prosper NDJOLI, Professeur, Université de Mazenod, République Démocratique du Congo
Olivier VANDENBERG, Professeur, Ecole de Santé Publique, Université libre de Bruxelles
Adélaïde BLAVIER, Professeure, Université de Liège, Belgique
Dr André-Paul VÉNOR, Coordonnateur principal de projets, Unité de Santé internationale de L’Université de Montréal, Canada
Docteure Marie DOREY
Cathleen DE KERCHOVE, Cofondatrice et Présidente, de l’asbl Les enfants de Panzi et d’ailleurs. Alors
Serge JAUMAIN, Professeur, Université libre de Bruxelles
Maria Clara AHMARANI, MD Coordonnatrice de recherche, Observatoire Hygeia, CHU Sainte Justine
Jean-Chrysostome ZOLOSHI, Professeur associé, Université Laval
Cheick Oumar TIENDREBEOGO, MD, MSc., PhDc
Véronique De KEYSER, Présidente du Comité Scientifique de la Chaire Mukwege et Professeure émérite, Université de Liège
Amour NKANGOU, Étudiant, École de Santé Publique, Université de Montréal
Muriel SALMONA, Psychiatre, Présidente de l’Association mémoire traumatique et victimologie, France
Islene LAZO, Coordonnatrice de projets - Unité de santé internationale, Université de Montréal
Sandra JUNG-FRITSCH, Sage-femme, Pédagogue, Université de Strasbourg
Miriam COHEN, Professeure associée, Faculté de Droit, Université de Montréal
Jean-Benoît FALISSE, Senior lecturer, the University of Edinburgh
Buuma M. MAISHA, Professeur Agrégé, Université Saint Paul, Canada
Karina DUBOIS-NGUYEN, Directrice, Unité de santé internationale - Université de Montréal
SOLUTIONS DISPONIBLES MAIS NON APPLIQUÉES
Il ne fait plus aucun doute que ce conflit multiforme, alimenté par des ingérences régionales et l’exploitation illicite des ressources naturelles, compromet toute perspective de paix et de développement pour le peuple congolais et pour l’ensemble de la région des Grands Lacs. Face à cette situation, la communauté internationale a mis en place un cadre juridique et diplomatique structurant pour répondre aux causes profondes de cette crise : l’Accord-Cadre pour la Paix, la Sécurité et la Coopération en RDC et dans la Région, signé à Addis-Abeba le 24 février 2013 sous l’égide des Nations Unies, de l’Union africaine, de la CIRGL et de la SADC. Cet accord engage la RDC et ses voisins à respecter la souveraineté des États, à cesser tout soutien aux groupes armés et à entreprendre des réformes structurelles pour garantir une gouvernance transparente et inclusive. Dans cette dynamique, la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité de l’ONU, adoptée le 28 mars 2013, est venue renforcer ce cadre en développant une approche plus proactive pour remédier aux causes profondes du conflit. Elle exige un processus politique global impliquant toutes les parties prenantes et met l’accent sur des réformes institutionnelles essentielles pour restaurer l’autorité de l’État et la confiance des populations dans les institutions congolaises.Cependant, plus d’une décennie après sa signature, l’Accord-Cadre n’est pas appliqué… Manœuvres politiques, absence de volonté réelle et violations répétées des engagements pris ont sapé les efforts de stabilisation, maintenant la RDC et toute la région des Grands Lacs dans une instabilité chronique. Certes, il est encourageant de voir que les processus de Nairobi et de Luanda ont été revitalisés. Toutefois, pour qu’une paix durable puisse être instaurée dans la région, il est indispensable de mettre en œuvre l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba.
APPEL URGENT À L’ACTION
Nous, scientifiques issus de diverses disciplines, diverses universités et nations, ainsi que citoyens engagés pour la paix, appelons les instances décisionnelles nationales, régionales et internationales à assumer leurs responsabilités afin de mettre un terme immédiat à la guerre, aux violations du droit international et des droits humains en cours dans le Nord et le Sud-Kivu. Nous demandons que les appels tels celui du Parlement européen à prendre des sanctions appropriées contre le Rwanda soient entendus et mis en oeuvre.Ceci devrait permettre de relancer un processus favorisant l’implémentation de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, ce qui requiert que:
1. tous les États signataires respectent leurs engagements, en cessant tout appui aux groupes armés et en promouvant une coopération régionale de bonne foi;
2. les réformes institutionnelles prévues soient appliquées sans délai pour garantir une gouvernance efficace et inclusive en RDC;
3. la communauté internationale exerce une pression diplomatique accrue afin que les violations de l’Accord ne restent pas impunies.
Sans l’application pleine et entière de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, aucune initiative de paix ne pourra être véritablement efficace. Seule une mise en œuvre rigoureuse de cet instrument permettra de briser le cycle infernal de la violence.
Il est grand temps d’agir. Il est grand temps d’honorer les engagements pris. Il en va de la paix, de la justice, de l'avenir de toute la région et de la protection de millions de vies innocentes.
Signataires :
Marie HATEM, Professeure, Université de Montréal, CanadaSusanne ALLDÉN, Maître de conférences et chargée de recherches, Université de Linnaeus, Suède
Anne WEYEMBERGH, Professeure - Université libre de Bruxelles, Belgique
Sophie BERGERON, Professeure, Université de Montréal, Canada
Jennifer FOUCART, Professeure, Université libre de Bruxelles
Bérangère TAXIL, Professeure, Université d’Angers, France
Prosper NDJOLI, Professeur, Université de Mazenod, République Démocratique du Congo
Olivier VANDENBERG, Professeur, Ecole de Santé Publique, Université libre de Bruxelles
Adélaïde BLAVIER, Professeure, Université de Liège, Belgique
Dr André-Paul VÉNOR, Coordonnateur principal de projets, Unité de Santé internationale de L’Université de Montréal, Canada
Docteure Marie DOREY
Cathleen DE KERCHOVE, Cofondatrice et Présidente, de l’asbl Les enfants de Panzi et d’ailleurs. Alors
Serge JAUMAIN, Professeur, Université libre de Bruxelles
Maria Clara AHMARANI, MD Coordonnatrice de recherche, Observatoire Hygeia, CHU Sainte Justine
Jean-Chrysostome ZOLOSHI, Professeur associé, Université Laval
Cheick Oumar TIENDREBEOGO, MD, MSc., PhDc
Véronique De KEYSER, Présidente du Comité Scientifique de la Chaire Mukwege et Professeure émérite, Université de Liège
Amour NKANGOU, Étudiant, École de Santé Publique, Université de Montréal
Muriel SALMONA, Psychiatre, Présidente de l’Association mémoire traumatique et victimologie, France
Islene LAZO, Coordonnatrice de projets - Unité de santé internationale, Université de Montréal
Sandra JUNG-FRITSCH, Sage-femme, Pédagogue, Université de Strasbourg
Miriam COHEN, Professeure associée, Faculté de Droit, Université de Montréal
Jean-Benoît FALISSE, Senior lecturer, the University of Edinburgh
Buuma M. MAISHA, Professeur Agrégé, Université Saint Paul, Canada
Karina DUBOIS-NGUYEN, Directrice, Unité de santé internationale - Université de Montréal