Publié le 14 mars 2023 Mis à jour le 15 mars 2023

Une équipe de recherche s’est rendue dans la région de Franceville au Sud-Est du Gabon afin d’étudier la formation de l’un des plus grands districts de manganèse au monde (+/- 25% de la production mondiale). Leur objectif : comprendre comment fonctionnent ces processus dans la nature : où peut-on prévoir de trouver de nouveaux gisements ? Combien de temps cela prend-il pour les former ? Le manganèse est un composant essentiel des batteries utilisées dans les voitures électriques et l’exploitation de ce type de gisement ne représente qu’un faible impact environnemental. Ces mines pourraient donc jouer un rôle essentiel dans la transition énergétique.

En février 2023, l’équipe d’Augustin Dekoninck, du Laboratoire G-Time de la Faculté de Sciences de l’Université libre de Bruxelles, s’est rendue dans la région de Franceville au Sud-Est du Gabon afin d’étudier la formation des gisements de manganèse du secteur de Moanda (25% de la production mondiale). Le manganèse est le 4e métal le plus produit au monde (20 millions de tonnes produites en 2022 – Source USGS), il est essentiel pour la fabrication d’acier résistant et inoxydable, et entre dans la composition des batteries électriques de type NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt) pour les voitures électriques. Les gisements étudiés par l’équipe de recherche appartiennent à un modèle de type supergène (aussi appelé d’altération météorique) résultant de l’interaction entre un corps minéralisé (ou une roche) avec le climat actuel et passé.
 

Ces interactions peuvent s’opérer sur plusieurs dizaines de millions d’années. Il s’agit donc d’archives géologiques remarquables afin de comprendre les conditions de formation de ces gisements au cours du temps en Afrique équatoriale et ailleurs. Les processus supergènes transforment un minerai initialement pauvre en manganèse en un minerai oxydé très riche. Ces gisements présentent plusieurs intérêts comparés aux gisements profonds, l’enrichissement en métal étant un facteur important, tout comme leur facilité d’extraction liée au caractère meuble des dépôts, leur accès aisé, puisque situé en surface (le minerai est « simplement gratté » des collines avec des engins de chantier et transporté par camion vers les ports), et leur (relativement) faible impact sur l’environnement. En effet, les gisements supergène sont oxydés, c’est-à-dire que les minéraux qui portent le manganèse sont essentiellement des oxydes qui peuvent directement être utilisés dans les usines de production, sans nécessiter un traitement chimique préalable pour séparer le métal des minéraux (a contrario des gisements de sulfures comme le cuivre, le zinc ou le plomb ou encore les terres rares où il est nécessaire de procéder à des attaques chimiques). Les besoins en produits chimiques sont donc très réduits.

Grâce aux prélèvements effectués sur le terrain, les scientifiques espèrent mieux comprendre comment fonctionnent ces processus dans la nature : où peut-on prévoir de trouver de nouveaux gisements ? Quels éléments y chercher ? Combien de temps cela prend-il pour les former ?

Cette mission scientifique effectuée par Augustin Dekoninck dans le cadre d’un mandat de chargé de recherche FNRS à l’Université libre de Bruxelles a été réalisée en collaboration avec des chercheurs de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM, Gabon), du Musée Royale de l’Afrique Centrale (Belgique), de l’Université de Rennes (Géosciences Rennes) et du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ainsi que les compagnies minières Comilog-Eramet, Nouvelle Gabon Mining (NGM) et la Compagnie Industrielle et Minière de Huazhou (CIMH).