Publié le 21 janvier 2025
– Mis à jour le 21 janvier 2025
En 2024, un rapport de l’OMS, co-écrit par le Dr Rodrigo Moreno-Reyes (Service de Médecine Nucléaire de l’H.U.B. et École de Santé publique) a mis en lumière les progrès réalisés grâce à la consommation de sel iodé dans la lutte contre les carences en iode en Europe. Malgré ces avancées, les risques liés à une carence persistante, notamment pour les femmes, et en particulier les femmes enceintes, appellent à une vigilance accrue.
Il y a un siècle, les carences en iode affectaient une grande partie de la population européenne, provoquant des troubles comme le goitre, l’hypothyroïdie ou un handicap mental sévère, autrefois appelé « crétinisme ». Grâce à des mesures de santé publique comme l’iodation du sel, ces troubles sont désormais largement contrôlés dans la région européenne de l’OMS. Aujourd’hui, 43 des 53 États membres ont mis en place des programmes d’iodation du sel, dont 29 de manière obligatoire.
Cependant, le dernier rapport de l’OMS (2024) révèle que les carences légères en iode restent un problème préoccupant dans plusieurs pays. Celles-ci peuvent entraîner des conséquences sur la santé, et en particulier un risque accru de maladie de la thyroïde chez les adultes.
On pourrait penser que le plus grand apport en iode dans l’alimentation en Europe serait le poisson ou les produits de la mer, mais c’est un aliment plutôt inattendu : le lait. « Les vaches européennes ont la chance de recevoir de l’iode dans les vitamines qu’on leur donne » explique le Dr Rodrigo Moreno-Reyes (École de Santé publique), co-auteur du rapport.
Un constat marquant sur l’apport en iode est l’impact des tendances alimentaires modernes. Les aliments transformés (pain, viandes transformées ou plats cuisinés, etc.), principaux contributeurs à l’apport en sel dans de nombreux pays (70 à 80 % du total), contiennent rarement du sel iodé.
Par ailleurs, la baisse de la consommation de produits laitiers dans certaines régions, pour des alternatives à base de plantes, aggrave la situation. Les personnes adoptant des régimes alimentaires pauvres en produits laitiers ou privilégiant des alternatives végétales non enrichies en iode dans les pays où l’iodation du sel n’est pas une pratique standard, sont donc à risque.
Pour l’OMS, l’iodation du sel reste la stratégie clé pour garantir un apport suffisant en iode dans la population. Il est aussi important d’améliorer la sensibilisation sur les bénéfices du sel iodé, et de trouver un équilibre entre la réduction globale de la consommation de sel et la prévention des carences en iode. « Il faudrait que les ministères de la santé de chaque pays se saisissent de ce problème, qui est relativement simple à résoudre et qui améliorerait la qualité de vie des populations » rappelle le Dr Moreno-Reyes.
Il souligne également la nécessité de renforcer la surveillance des apports en iode dans la population : « Dans tous les pays, les données sont trop anciennes, et datent de 5 à plus de 10 ans. C’est un problème majeur pour avoir un diagnostic correct de la situation. »
Les carences en iode représentent non seulement un défi de santé publique, mais également un coût économique important pour les pays européens. En sensibilisant le public, les professionnels de santé et les producteurs alimentaires, il est possible de renforcer les progrès accomplis et de garantir une nutrition optimale pour tous les groupes de population.