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Éco-anxiété chez les jeunes: un phénomène complexe et multifacette
Quelles sont les émotions liées aux enjeux climatiques et environnementaux chez les jeunes ? Voilà l'objet d'une recherche menée par Bénédicte Mouton et traduite en 4 épisodes par le podcast Éco-Émois. L’objectif était de sensibiliser sur l'éco-anxiété et d’offrir une compréhension nuancée de ce phénomène à travers les voix des adolescents eux-mêmes.
Éco-anxiété chez les jeunes : un phénomène complexe et multifacette
Dans le cadre de l’étude menée par Bénédicte Mouton, chercheuse de la Faculté de Psychologie, Sciences de l’Education et Logopédie, le podcast Éco-Émois a été conçu pour rendre accessible au grand public les résultats d’une recherche sur les émotions liées aux enjeux climatiques et environnementaux chez les jeunes. L’objectif était de sensibiliser sur l'éco-anxiété et d’offrir une compréhension nuancée de ce phénomène à travers les voix des adolescents eux-mêmes. Ce podcast de 4 épisodes présente les différentes étapes du processus, de la méthodologie aux résultats, en passant par les pistes de recommandations, tout en impliquant activement les jeunes participants.L’éco-anxiété : un terme réducteur
L’éco-anxiété, souvent réduite à une simple inquiétude face aux changements climatiques, est en réalité un ensemble complexe d’émotions. Selon Bénédicte Mouton, le terme « éco-anxiété » reste réducteur. « Nous avons préféré parler d’éco-émotions, car d’autres sentiments émergent également, comme la colère, l’impuissance ou la tristesse. » Si la peur est largement présente chez les jeunes, d’autres émotions plus positives, telles que l’espoir ou l’optimisme, sont également ressenties, bien qu’elles soient souvent perçues comme des formes d'espoir lucide, et non comme de la naïveté.L'étude révèle que, bien que 10 % des enfants et adolescents interrogés présentent des symptômes fréquents d’éco-anxiété, environ un jeune sur trois exprime des préoccupations personnelles concernant l’avenir, et près de 70 % se disent inquiets pour la planète et les générations futures. Cela montre l'ampleur du phénomène, qui dépasse les simples symptômes cliniques pour englober une gamme d’émotions.
Des émotions variées et des stratégies d’adaptation
Les jeunes réagissent de manière différente aux enjeux climatiques. L’étude montre qu'ils utilisent diverses stratégies pour faire face à leurs inquiétudes. Certains optent pour l’évitement émotionnel, en se distanciant du sujet, tandis que d'autres choisissent de s'engager activement pour réduire leur empreinte écologique.Bénédicte Mouton souligne : « L’éco-anxiété n’est pas une pathologie, mais une réaction adaptative face à une menace réelle. Elle pousse certains jeunes à adopter des gestes concrets pour la planète. »
Le lien entre l’éco-anxiété et l’engagement pro-environnemental est manifeste. Plus un jeune ressent de l’inquiétude climatique, plus il est susceptible d’adopter des comportements écologiques, comme éviter la voiture ou discuter de ces enjeux avec sa famille. Bénédicte Mouton ajoute : « Ce phénomène n’est pas isolé : l’éco-anxiété stimule souvent des actions concrètes et une plus grande conscience des problèmes environnementaux. »
Un décalage de perception entre jeunes et adultes
Un aspect surprenant de cette étude est le décalage entre les perceptions des jeunes, des enseignants et des parents concernant l’éco-anxiété. Alors que les adultes perçoivent souvent un mal-être général chez les jeunes, ceux-ci associent directement leurs inquiétudes à des émotions liées aux enjeux climatiques.La chercheuse constate : « Les enseignants et psychologues identifient un mal-être, mais ils ne l’associent pas toujours à l’éco-anxiété. Pour les parents, seulement 2,5 % estiment que leur enfant présente des signes d’éco-anxiété, bien que la majorité se dise inquiète. »
Ce décalage de perception entre les jeunes et les adultes est révélateur des défis à relever pour mieux comprendre et accompagner les jeunes face à leurs émotions liées à l’environnement.
L’échantillon de l'étude
Pour réaliser cette étude exploratoire et participative, une enquête par questionnaire a été menée auprès de 1.300 jeunes âgés de 10 à 18 ans. Ces participants proviennent de divers milieux socio-culturels et géographiques, garantissant ainsi une certaine représentativité des diverses perceptions et ressentis à travers le pays. Les chercheurs ont aussi mené des entretiens individuels avec les enseignants et psychologues scolaires et des séances de jeux au Musée des sciences naturelles à Bruxelles avec les enfants les plus jeunes. De plus, des groupes de jeunes experts ont permis de faire participer les adolescents au processus de la recherche et recueillir des témoignages variés sur les émotions liées à l’écologie et aux changements climatiques. Cette approche mixte et participative a permis de nuancer les résultats et de mieux comprendre les facteurs influençant les réactions émotionnelles des jeunes face à la crise écologique.
Synthèse graphique de la recherche
Liens
Consulter le rapport final de la recherche sur le Dépôt institutionnel de l'ULB.Dans la même thématique
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Éco-Émois - Peur, colère ou tristesse : que ressentent les plus jeunes face à la crise climatique ?
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