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La tactique des virus pour tromper notre immunité

Publié le 19 mars 2024 Mis à jour le 19 mars 2024

Des chercheurs de l’ULB, ULiège et UCLouvain révèlent qu’une famille de lympocytes T (les CD8+) joue un rôle-clef dans la décision de certains virus de développer une infection latente ou chronique. Leur étude est publiée dans la revue PNAS.

Les lymphocytes T (cellules T) sont les principaux composants cellulaires du système immunitaire adaptatif, responsables des réponses de défense pour nous maintenir en bonne santé et prévenir divers types de maladies.

Comment ça marche ? Leur récepteur (TCR) reconnait un antigène ce qui entraine une expansion clonale des lymphocytes T, suivie d’une différenciation en plusieurs rôles : certains lymphocytes T sont chargés de détruire les cellules infectées, d’autres de produire des cytokines (qui leur permettent de communiquer), d’autres encore de réguler les réponses immunitaires.

Pour proliférer et se différencier, les lymphocytes T ont besoin de beaucoup de glucose comme carburant, ce qui entraine chez eux l'obligation d'évacuer le résidu de cette consommation, le lactate,

Les équipes de Michel Braun – U-CRI, Faculté de Médecine, ULB -, de Laurent Gillet et Bénédicte Machiels de l'ULiège et de Pierre Sonveaux de l'UCLouvain viennent de publier une étude conjointe mettant en lumière le rôle essentiel joué par le transporteur MCT1 dans l'évacuation du lactate des lymphocytes T activés. En limitant spécifiquement l'expression du transporteur à la surface des cellules T de souris, les chercheurs ont inhibé leur capacité à métaboliser le glucose ; et par conséquent, leur capacité à proliférer a été réduite ainsi que leur aptitude à contrôler les infections virales.

Les chercheurs ont également observé que l'expansion limitée de ces cellules T CD8+  s'accompagnait d'une incapacité à se différencier en cellules de mémoire, étape nécessaire pour le contrôle de la réactivation virale lors d'infections persistantes, telles les infections latentes des virus de type Herpes. Bien pire, les lymphocytes étaient épuisés, un état généralement associé aux infections persistantes de type chronique telles que celles du virus de l'hépatite humaine.

Alors qu’on pensait que le virus décidait seul de développer une infection latente ou chronique, les chercheurs révèlent donc le rôle essentiel que joue dans cette décision la capacité des lympocytes T CD8+ à contrôler l'infection virale.

Les thérapies basées sur l’inhibition du transport du lactate, comme celles actuellement développées pour combattre le développement des tumeurs, pourraient donc avoir des effets délétères sur la génération d'une immunité capable de contrôler les infections virales latentes. A l'inverse, cette étude ouvre de nouvelles perspectives : l'inhibition de MCT1 pourraient devenir la cible de nouvelles thérapies dans les immunopathologies où une réponse exacerbée des lymphocytes T provoque la maladie.

Cette étude est publiée dans la revue PNAS – revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA (PNAS), du 18 mars.