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Les Défis de l'Intelligence Artificielle Générative: Entre Promesses et Précautions
L'essor des intelligences artificielles (IA) génératives bouleverse les frontières de la créativité, de la communication et de la technologie. À travers leur ouvrage collectif « Face aux défis de l’intelligence artificielle générative », publié dans la collection « L’Académie en poche », des membres de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-arts explorent les multiples facettes et implications de ces technologies innovantes.
Vers une compréhension éclairée des IA génératives
«Bienvenue dans un domaine en constante évolution qui révolutionne notre manière de penser la créativité, la communication et la technologie». Ce sont les mots d'introduction de Véronique Cabiaux (Faculté des Sciences) dans l'ouvrage « Face aux défis de l’intelligence artificielle générative » qui vient de paraître dans la collection « L’Académie en poche ». Enjeux majeurs de notre société actuelle, la classe Technologie et Société de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-arts a décidé de contribuer à la réflexion sur les IA génératives.
Membres de l’Académie, les coauteurs éclairent différentes facettes des intelligences artificielles (IA) génératives, telles que l’apprentissage profond (Deep Learning), l'absence d’information fiable, la nécessité d’avoir l’esprit critique, l’impact sur l’économie et l’emploi, et la protection des droits fondamentaux.
L’esprit critique face aux IA
Catheline Périer-D’Ieteren (Faculté de Philosophie et Sciences sociales, Crea-Patrimoine) relève des aspects préoccupants des IA : «Le public est d’une certaine façon trompé par le terme "intelligence" qui est emprunté à l’anglais pour désigner la gestion des données et le traitement de l’information, ce qui n’a rien à voir avec le sens français du mot qui inclut l’esprit critique, la capacité à créer des concepts et à raisonner. Autant d’aptitudes qui rassurent l’humain.» rappelle t'elle. Elle souligne l'importance de l’enseignement dans le développement de l’esprit critique, nécessaire pour distinguer les créations de l’IA de celles réalisées de manière traditionnelle : «Il est temps de s’interroger sur la manière de transmettre le savoir en employant les outils récents, alliant passé et présent, et débouchant sur des objectifs futurs innovants.»
Les dérives de l'IA et ses impacts
Hugues Bersini (Ecole de Polytechnique de Bruxelles), s’inquiète de l’apparition des modèles de langage comme ChatGPT dans le domaine de l’IA. «ChatGPT est victime, du fait de sa nature intrinsèquement statistique, des stéréotypes sociétaux les plus éculés. À tout moment, il peut se mettre à halluciner et à créer sa propre vérité. L’autre problème très sérieux est l’extraordinaire dépense énergétique de ces logiciels, connus pour être des gouffres de consommation électrique.» Il met en garde contre l’impact environnemental croissant des technologies numériques, responsables de plus de 5% des émissions mondiales de CO2. Ce type de logiciel ne fait en réalité qu'augmenter la pollution de manière exponentielle.
Les implications économiques et sociales
Pour l’économiste Bruno Colmant (Faculté Solvay Brussels School), «il est important de noter que la façon dont les gains de productivité de l’IA sont redistribués est en grande partie une question de choix de politique économique et sociale. Les entreprises, les gouvernements et les syndicats ont un rôle à jouer pour s’assurer que les gains de productivité de l’IA profitent à tous, y compris aux travailleurs.» Il prévient toutefois que sans intervention, l’IA pourrait continuer à absorber une part croissante des gains de productivité au détriment des travailleurs.
Vers une régulation éthique de l’IA
Benoît Frydman, directeur du Centre Perelman de philosophie du droit, et David Restrepo Amariles, directeur du Smart Law Hut au Hi! Paris pour l’IA, se concentrent sur la régulation juridique et technique de l’IA. Ils élaborent l’hypothèse d’un glissement rapide des règles et institutions juridiques classiques vers des dispositifs techniques au niveau européen et global : «Le but principal est de réduire les risques, notamment d’atteinte aux droits et libertés, et les dommages susceptibles d’être causés aux personnes et à la société par les usages d’IA. Mais aussi de fixer les règles de responsabilité afin de déterminer qui devra réparer ces dommages.»
Une réflexion nécessaire pour l'avenir
Véronique Cabiaux est convaincue que c’est en abordant toutes ces questions avec lucidité que nous construirons des outils et des compétences permettant une relation humain-machine équilibrée. Les coauteurs appellent à une prise de conscience collective et à des actions concrètes pour encadrer et accompagner le développement des IA génératives, afin de garantir qu’elles servent le bien commun sans compromettre les droits et libertés fondamentaux.
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