Publié le 10 septembre 2024
– Mis à jour le 13 septembre 2024
Une étude publiée dans la prestigieuse revue Science dévoile les détails d'un mystérieux signal sismique mondial de neuf jours enregistré en septembre 2023. Cette découverte est le fruit d'une collaboration internationale, à laquelle ont participé des chercheurs belges, qui ont identifié un méga-tsunami provoqué par un glissement de terrain au Groenland comme étant à l'origine de ce phénomène inédit.
Une équipe internationale de 68 scientifiques issus de 40 institutions a récemment publié une étude dans la revue Science, qui résout l'énigme d'un signal sismique inhabituel ayant fait trembler la Terre pendant neuf jours en septembre 2023. Ce signal sismique d'une seule fréquence, enregistré à travers le globe, a intrigué les sismologues par son caractère unique. Les chercheurs ont découvert que ce phénomène provenait d'un gigantesque glissement de terrain au Groenland, où 25 millions de mètres cubes de roche et de glace sont tombés dans le fjord isolé de Dickson, provoquant un méga-tsunami de 200 mètres de hauteur.
Cette étude est une avancée scientifique majeure dans la compréhension des signaux sismiques d'origine exotique, et elle met en évidence les impacts du changement climatique sur les régions polaires. Le glissement de terrain, causé par l'affaiblissement des glaciers, a généré des vagues sismiques et océaniques qui ont propagé leurs effets bien au-delà du Groenland, à travers la planète entière.
Les travaux ont impliqué des chercheurs de l'Observatoire royal de Belgique (ORB), du Flanders Marine Institute (VLIZ) et de l'Université libre de Bruxelles (ULB), ainsi que des scientifiques de 15 pays. Ensemble, ils ont utilisé des sismomètres, des infrasons, des images satellites et des simulations de vagues de tsunami pour reconstituer l'ensemble des événements qui se sont déroulés en septembre 2023. Les images capturées par les militaires danois dans la région ont également joué un rôle clé dans la compréhension de l'ampleur du phénomène.
Les coateurs de l'étude Thomas Lecocq, chercheur à l’ORB et Corentin Caudron (Laboratoire G-TIME - Geochemistry & Geophysics, Faculté des Sciences) ont participé de près à ces découvertes grâce à une collaboration internationale. Corentin Caudron (Laboratoire G-TIME - Geochemistry & Geophysics, Faculté des Sciences) a joué un rôle crucial dans l'analyse des données sismiques. Dès le début de l'étude, il a participé à l'exploration des signaux sismiques en se concentrant sur leur analyse quantitative. Caudron et Lecocq ont envisagé que des seiches – des oscillations d'eau dans le fjord provoquées par le méga-tsunami – soient responsables des signaux sismiques enregistrés. En effet, Thomas Lecocq explique « Nos premières estimations de la position de la source sismique étaient centrées sur l’est du Groenland. Grâce à une collaboration internationale, nous avons pu démontrer que le glissement de terrain à l’origine du méga-tsunami était aussi la cause de ces signaux sismiques mondiaux inédits. ».
Leur expérience précédente sur un volcan en Indonésie, où un événement similaire mais de moindre ampleur avait eu lieu, a alimenté leurs réflexions. Cette collaboration ouvre la voie à de nouvelles études, notamment en milieu glaciaire, pour mieux comprendre ces phénomènes rares mais potentiellement dangereux.
Cette étude, publiée dans Science, met en lumière la nécessité de surveiller de plus près les régions polaires, où les effets du changement climatique accélèrent les risques de glissements de terrain et de tsunamis. Grâce à cette recherche pionnière, les scientifiques ont ouvert de nouvelles perspectives pour l'étude des signaux sismiques causés par des phénomènes naturels, et renforcent l'importance des collaborations internationales pour répondre aux défis posés par le réchauffement climatique.
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