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Le braconnage des éléphants menace la régénération forestière
Publié le 2 septembre 2025
– Mis à jour le 2 septembre 2025
Une équipe internationale de scientifiques et partenaires locaux révèle un lien insoupçonné entre le déclin des éléphants de forêt autour de la réserve de faune du Dja au Cameroun et la survie de l'ébène, essence précieuse emblématique des forêts africaines. Les chercheurs démontrent que le braconnage de l'ivoire, en décimant les populations d'éléphants, compromet gravement la régénération de cette espèce arborée et menace l'équilibre de l'écosystème forestier.
Une étude menée dans la réserve de faune du Dja au Cameroun, où subsiste une population d’éléphants, met en avant l’impact néfaste du déclin des éléphants de forêt sur la survie de l'ébène, bois présent dans les forêts africaines. Les chercheurs démontrent que sans éléphants, l'ébène perd 68% de sa capacité de régénération. Le braconnage de l'ivoire est la principale cause de cet enchainement destructeur.
"Nos recherches révèlent que les crottes d'éléphant constituent un véritable bouclier naturel pour les graines d'ébène, les protégeant contre la prédation", explique le chercheur Olivier Hardy du Département de Biologie des Organisme, Faculté des Sciences, ULB. Cette découverte souligne notre compréhension encore incomplète du rôle des éléphants dans l’équilibre du système forestier tel que nous le connaissons.
L'équipe a développé une méthodologie rigoureuse incluant l'analyse des classes d'âge des arbres, leur distribution spatiale, l’analyse de leurs liens de parenté à l’aide de marqueurs génétiques, et des données expérimentales collectées le long d'un gradient de pression de chasse. Cette approche globale confirme l'ampleur de la perturbation écologique causée par la disparition des éléphants.
Cette cascade d'effets illustre comment le commerce illégal de l'ivoire, qui a fortement réduit les populations d'éléphants dans toute la sous-région, génère des impacts écologiques durables et largement sous-estimés sur la biodiversité forestière africaine.
"Leur expertise du terrain et leur connaissance de la forêt ont été déterminantes pour mener à bien cette recherche", précise Vincent Deblauwe, chercheur (Dr) à l’International Institute of Tropical Agriculture (IITA), Yaoundé, Cameroun, et au Congo Basin Institute (CBI), University of California. Cette approche collaborative illustre l'importance des savoirs traditionnels dans la compréhension des écosystèmes forestiers.
L’équipe de recherche rassemble des gestionnaires de la réserve du Dja, des représentants des peuples autochtones, des étudiants camerounais et des scientifiques. Une majorité de ces derniers est issue de l’ULB, notamment le Dr Vincent Deblauwe, 1er auteur qui a coordonné les travaux, le Professeur Bonaventure Sonké de l’Université de Yaoundé I au Cameroun, partenaire de longue date de l’ULB dans les études en taxonomie et écologie forestière, et le Professeur Olivier Hardy, reconnu pour son expertise sur l’évolution et la diversité génétique des plantes africaines.
Consulter l’article :
Declines of ebony and ivory are inextricably linked in an African rainforest | Science Advances dans Science Advances, 27 Aug 2025, Vol 11, Issue 35
Un mutualisme millénaire brisé par le braconnage
L'étude comparative, réalisée dans et en dehors de la réserve du Dja, met en lumière un mécanisme écologique méconnu mais crucial. Les éléphants de forêt consomment les fruits d'ébène et assurent la dispersion de ses graines par leurs déjections. Plus surprenant encore, leurs crottes jouent un rôle protecteur essentiel en préservant les graines des prédateurs herbivores."Nos recherches révèlent que les crottes d'éléphant constituent un véritable bouclier naturel pour les graines d'ébène, les protégeant contre la prédation", explique le chercheur Olivier Hardy du Département de Biologie des Organisme, Faculté des Sciences, ULB. Cette découverte souligne notre compréhension encore incomplète du rôle des éléphants dans l’équilibre du système forestier tel que nous le connaissons.
Des résultats alarmants pour l'avenir de l'ébène
La comparaison entre zones à forte densité d'éléphants et territoires où ces pachydermes ont disparu depuis longtemps livre des conclusions préoccupantes. L'absence d'éléphants entraîne une réduction de 68% de la régénération de l'ébène, compromettant sérieusement la survie à long terme de cette essence.L'équipe a développé une méthodologie rigoureuse incluant l'analyse des classes d'âge des arbres, leur distribution spatiale, l’analyse de leurs liens de parenté à l’aide de marqueurs génétiques, et des données expérimentales collectées le long d'un gradient de pression de chasse. Cette approche globale confirme l'ampleur de la perturbation écologique causée par la disparition des éléphants.
Une menace qui dépasse l'ébène
Les implications de cette recherche s'étendent bien au-delà de l'ébène. "Cette menace majeure soulève de sérieuses inquiétudes quant aux conséquences de l'extinction des éléphants de forêt sur la survie de nombreuses espèces d'arbres", souligne Olivier Hardy. Le moabi et la mangue sauvage, autres espèces dépendantes des éléphants pour la dispersion de leurs graines, et utilisées par les populations locales, pourraient également être concernés par ce phénomène.Cette cascade d'effets illustre comment le commerce illégal de l'ivoire, qui a fortement réduit les populations d'éléphants dans toute la sous-région, génère des impacts écologiques durables et largement sous-estimés sur la biodiversité forestière africaine.
Une recherche participative valorisant les savoirs locaux
Cette étude se distingue par l'implication directe des communautés locales dans le processus scientifique. Deux guides, G. Mempong (Baka de Bifolone) et J.M. Ntsihe (de Kompia), figurent comme co-auteurs de la recherche en reconnaissance de leur contribution essentielle tout au long du projet."Leur expertise du terrain et leur connaissance de la forêt ont été déterminantes pour mener à bien cette recherche", précise Vincent Deblauwe, chercheur (Dr) à l’International Institute of Tropical Agriculture (IITA), Yaoundé, Cameroun, et au Congo Basin Institute (CBI), University of California. Cette approche collaborative illustre l'importance des savoirs traditionnels dans la compréhension des écosystèmes forestiers.
L’équipe de recherche rassemble des gestionnaires de la réserve du Dja, des représentants des peuples autochtones, des étudiants camerounais et des scientifiques. Une majorité de ces derniers est issue de l’ULB, notamment le Dr Vincent Deblauwe, 1er auteur qui a coordonné les travaux, le Professeur Bonaventure Sonké de l’Université de Yaoundé I au Cameroun, partenaire de longue date de l’ULB dans les études en taxonomie et écologie forestière, et le Professeur Olivier Hardy, reconnu pour son expertise sur l’évolution et la diversité génétique des plantes africaines.
La conservation comme solution d'avenir
L'étude démontre également l’importance et l'efficacité des efforts de conservation. Dans la réserve du Dja, la protection de la grande faune bénéficie indirectement à la préservation d’autre ressources importantes pour les communautés locales. " Nos travaux montrent l'impact positif de la conservation dans la zone dans son entièreté : la protection de la grande faune a un effet parapluie sur l’ensemble de l’écosystème car non seulement elle induit celle des autres espèces de faune, mais, elle est favorable à la régénération des espèces arborées essentielles pourvoyeuses de produits à usage multiple pour les populations, améliorant de fait, la qualité des services écosystémiques rendus par la forêt ", conclut Gilbert Oum Ndjock, Conservateur de la Réserve de Faune du Dja durant cette étude.Consulter l’article :
Declines of ebony and ivory are inextricably linked in an African rainforest | Science Advances dans Science Advances, 27 Aug 2025, Vol 11, Issue 35
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