Publié le 12 juin 2025
– Mis à jour le 17 juin 2025
Chercheuse post-doctorale FWO à la VUB et à l’ULB au sein du Département d’enseignement des Sciences de l’information et de la Communication (SIC) de la Faculté de Lettres, Traduction et Communication, Valériane Mistiaen a étudié un large corpus d’extraits de JT et de journaux des deux côtés du pays et dresse un panorama de l’utilisation du « bon mot » pour qualifier les personnes en déplacements.
Entre mai 2015 et juillet 2017, la scène médiatique européenne et, plus spécifiquement, belge, est occupée par la « crise des réfugiés ». « Le nombre d’articles durant cette période explose », observe Valériane Mistiaen, chercheuse à l’ULB et la VUB.
Avec sa thèse – dont elle publie aujourd’hui un livre : « Did you say ‘Migrants’ ? Media representations of people on the move » – Valériane Mistiaen s’est concentrée, avec son bagage de spécialiste en sciences de l’information et de la communication, sur le battage médiatique à cette période pour étudier les termes utilisés dans les médias belges francophones et néerlandophones pour qualifier les personnes en déplacement.
Un corpus conséquent
« J’ai choisi d’analyser tant la presse écrite que télévisuelle, en me concentrant sur les médias avec les plus grandes distributions dans les deux communautés linguistiques », explique-t-elle.
Pour son étude, elle utilise l’analyse de discours implémentée à l’aide de la linguistique de corpus.
« J’observe comment, par le discours, on témoigne d’une idéologie et comment on peut changer les manières de percevoir le monde. »
Avec plus de 300 dénominations côté néerlandophone et 260 côté francophone, la chercheuse observe que les termes ne sont pas utilisés par hasard. Si, en français, on utilise cinq fois plus le terme « migrant », le terme « illégal » apparait plus côté néerlandophone. « Ces mots circulent en partie à cause de la NVA », contextualise Valériane Mistiaen.
« Ce sont les politiciens qui utilisent le vocabulaire le plus négativement connoté et le discours médiatique y est très perméable. Experts ou ONG arrivent bien après. »
Privilégier le statut précis
« S’il existe désormais des lexiques pour aider à formuler sans être réducteur, il demeure plus pertinent d’utiliser le statut de la personne en déplacement si celui-ci est identifiable. Mettre en perspective, entre guillemets, utiliser des termes neutres, des périphrases… Malgré les contraintes médiatiques, il demeure important d’éviter de réduire les personnes à un terme péjoratif inapproprié. »