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Le Centres d’intégration de Wallonie (CRI) : des institutions essentielles pour l’intégration
Publié le 12 juin 2025
– Mis à jour le 17 juin 2025
Commencé en 2019, le projet Migrant Voices a permis de recenser les retours de profils très divers de primo-arrivant.es effectuant leur parcours d’intégration (PI) au sein des différents Centres d’intégration de Wallonie (CRI). Antoine Roblain, chercheur au sein de la faculté de Psychologie de l’ULB, a co-réalisé cette étude de terrain.
En Wallonie tout comme en Flandre et à Bruxelles, les personnes primo-arrivantes, à l'exception de certaines nationalités, sont tenues de suivre un parcours d'intégration (PI). Ce dispositif obligatoire vise à faciliter leur établissement, en favorisant leur émancipation au sein de la société d'accueil. Il s’agit de cours de langue, d'une formation à la citoyenneté et d'un accompagnement à l'orientation socio-professionnelle.
Sonder la perception du public face à ces politiques
C'est précisément sur le regard des primo-arrivant·es sur ces politiques d'intégration wallonnes qu'a porté le projet « Migrant Voices ».
Antoine Roblain, chercheur spécialiste des trajectoires de vie des personnes migrantes, explique que le projet est né du « constat que les évaluations réalisées sur les CRI et le PI ne rendaient pas compte des expériences vécues par les primo-arrivant.es en tant que tel.les. »
Mené depuis 2019, ce projet a réuni Antoine Roblain, Emanuele Politi (KULeuven), Soha Abboud (ULB) et Zacharia Bady (ULB/Université de Lausanne), car « les réalités sont très différentes en fonction de là où sont réparties les personnes sur le territoire wallon », poursuit le chercheur. « Il a fallu notamment traduire l’enquête en 13 langues différentes et aller sur le terrain, à la rencontre de ces personnes », souligne Antoine Roblain.
Cette démarche a ainsi permis de recueillir 1.300 témoignages.
Hétérogénéité du public et défis de l'intégration
Il en est résulté que les difficultés générales relevées par tous - coûts de transport, conciliation vie familiale et professionnelle – sont particulièrement aiguë chez les demandeurs d'asile, les personnes maîtrisant peu le français, et certains profils de femmes. Les participants ayant le plus de difficultés en français sont aussi les plus critiques envers le parcours.
Concernant l’évolution des « capabilités » des participants – définies comme leur perception d'être en mesure d'atteindre leurs objectifs de vie et de mener à bien leur intégration – l’enquête a démontré le rôle essentiel des modules linguistiques.
" La difficulté majeure reste l’apprentissage de la langue, enjeu central pour l’accessibilité à l’information et donc à l’émancipation », rappelle Antoine Roblain.
En revanche, l'impact du module de citoyenneté sur ces capabilités apparaît marginal pour la majorité des participants.
Au final, malgré les obstacles et les nuances identifiés, ces centres constituent une aide précieuse car selon Antoine Roblain, « grâce aux CRI, les primo-arrivant.e.s gardent un lien social avec les institutions et peuvent ainsi s’émanciper dans la société belge. »