Publié le 15 septembre 2023 Mis à jour le 19 septembre 2023

En 1999, l’ULB inaugure l’Institut de biologie et de médecine moléculaires, IBMM. Quelque 250 chercheurs et chercheuses issus de la Faculté des Sciences et de la Faculté de Médecine s’installent sur l’Aéropole de Charleroi, presque déserte.

L’IBMM est alors un pari: favoriser le redéploiement économique et social d’une région grâce à la recherche académique. La Wallonie et l’Europe soutiennent l’initiative dans le cadre de l’Objectif 1, FEDER.

En 2004, l’Université crée l’IMI, Institut d’immunologie médicale. Partenariat public privé (PPP) novateur, l’IMI associe l’ULB, GlaxosmithKline Biologicals-GSK et la Wallonie.

En 2011, le CMMI, Centre de microscopie et d’imagerie moléculaire est inauguré. Soutenu par le FEDER, il associe l’ULB et l’UMONS dans une approche avantgardiste: la plateforme technologique collabore avec les académiques et les industriels, de la PME à la multinationale.

En 2023, près de 25 ans après l’inauguration de l’IBMM, le pari est gagné: les bâtiments ont fleuri sur l’Aéropole, les emplois aussi. Plus de 3.000 personnes travaillent aujourd’hui dans ce qui est devenu le Biopark, un écosystème attractif autour des sciences du vivant.

La recherche continue à y jouer un rôle central.
 

IBMM: Le premier ancrage

L’Institut de biologie et de médecine moléculaires, IBMM, réunit une quinzaine d’équipes de recherche actives dans les domaines de l’immunologie, de la biologie cellulaire et du développement, et de la microbiologie. Quatre chercheurs nouvellement engagés, Etienne Meylan, Mélanie Boeckstaens, Dukas Jurenas et Maud Martin, renforcent ces trois axes.

Etienne Meylan, Laboratoire d’immunobiologie: «Notre laboratoire explore le rôle des cellules de notre système immunitaire dans des maladies comme le cancer, l’obésité ou les infections. Mon groupe étudie comment certains neutrophiles, un type de globules blancs, changent lorsqu’ils pénètrent à l’intérieur d’un cancer du poumon, devenant des cellules favorisant la croissance tumorale. Nous espérons ainsi trouver de nouvelles vulnérabilités afin de cibler spécifiquement ces cellules, ce qui pourrait amener à de nouvelles immunothérapies anti-cancéreuses».

Mélanie Boeckstaens, Laboratoire de biologie de transport membranaire: «Avec les traitements médicaux modernes, le nombre de personnes vulnérables aux infections fongiques ne cesse de croître. Cependant, l’éventail des traitements médicamenteux ciblant ces pathogènes reste limité. Notre équipe s’intéresse à l’étude des voies de signalisation impliquées dans la transition dimorphique fongique, un processus requis pour la virulence des champignons pathogènes, dans l’espoir de découvrir de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les combattre».

Dukas Jurenas, Laboratoire de génétique et physiologie bactérienne: «Notre laboratoire étudie les mécanismes de mort et de survie bactérienne aux antibiotiques et aux toxines. Nous recherchons des nouvelles cibles cellulaires pour les toxines sécrétées et essayons de comprendre leur mécanisme d’action».

Maud Martin, Laboratoire de signalisation neurovasculaire: «Notre laboratoire étudie les molécules qui interviennent dans la formation des vaisseaux sanguins cérébraux chez l’embryon de poisson zèbre et de souris. Mon groupe s’intéresse en particulier au rôle des microtubules dans la migration et la morphogenèse des cellules endothéliales».
 

IMI: Un acteur-clef du Centre de Recherche en Immunologie de l'ULB

L’Institut d’immunologie médicale, IMI, a donné naissance, avec d’autres laboratoires de l’ULB, à l’U-CRI, ULB Center for Research in Immunology, un institut interfacultaire - Facultés des Sciences, de Médecine, de Pharmacie - présent sur le Biopark Charleroi et sur le pôle santé (Erasme).

Stanislas Goriely, co-directeur de l’IMI et porte-parole de l’U-CRI: «La quarantaine de chercheurs de l’IMI sont actifs dans différents domaines de l’immunologie, notamment les maladies infectieuses, la vaccinologie, l’immunologie du nouveau-né, les désordres inflammatoires et les réponses anti-tumorales».

Retour sur deux projets en cours avec Véronique Flamand et David Vermijlen, chefs de groupe à l’IMI.

Véronique Flamand: «Les travaux de recherche expérimentale de mon groupe ont révélé comment la consommation maternelle de bactéries probiotiques Lactobacillus rhamnosus durant la gestation et l’allaitement pouvait prévenir les manifestations allergiques respiratoires chez leur progéniture. Cette découverte du lien entre le microbiote de la mère et le système immunitaire du nouveau-né a ouvert de nouvelles perspectives pour la prévention des pathologies respiratoires infectieuses particulièrement préoccupantes en début de vie. Grâce au soutien de la Wallonie, un partenariat a été établi avec l’entreprise wallonne Vésale Pharma, pionnière belge de la vente de probiotiques».

David Vermijlen: «Les cellules T gamma delta sont des acteurs importants du système immunitaire qui peuvent combattre les infections et le cancer. Leur mode d’action reste cependant très mal compris. Notre groupe a récemment développé une méthode qui permet d’étudier leur répertoire en combinant au niveau des cellules individuelles, l’expression génique et les séquences hypervariables de leur récepteur. Cette méthode constituera un outil majeur pour mieux comprendre le développement de ces cellules, leur fonction et leurs réponses».
 

CMMI: une plateforme dédiée à l'image

Le CMMI (Center for Microscopy and Molecular Imaging) est une plateforme d’imagerie biomédicale préclinique intégrée, associant l’ULB - Faculté de Médecine, Faculté des Sciences, Ecole Polytechnique de Bruxelles - et l’UMONS.

Isabelle Salmon, directrice scientifique du CMMI, cheffe de service du Laboratoire d’anatomie pathologique de l’hôpital Erasme, H.U.B.: «L’image occupe une place centrale au CMMI. Nous disposons d’une palette complète – expertise et équipements de pointe – depuis le petit animal jusqu’à la molécule et le tissu humain. Nos clients peuvent nous demander un type d’analyse précis ou bénéficier de la chaine complète. Les approches des académiques et des industriels sont complémentaires, j’ai beaucoup appris en travaillant avec les deux. Nous collaborons à des projets multiples, liés au cancer ou d’autres pathologies. Nous analysons par exemple les tissus de patients afin de prédire la prolifération de la tumeur et l’évolution de la maladie. Avec le soutien de BioWin, autre exemple, nous participons à un projet préclinique sur la fibrose pulmonaire. Beaucoup de maladies pulmonaires évoluent vers cette fibrose ; comment pourrait-on l’empêcher de s’installer? Le CMMI teste différentes drogues et leurs effets».

Natacha Lourette directrice opérationnelle du CMMI: «Nos équipements permettent de travailler en imagerie in vivo (IRM, PET-CT, µCT…) et en in vitro ou ex vivo (avec la microscopie électronique et optique…). Puis, nous employons l’intelligence artificielle pour l’analyse des images afin d’aider au diagnostic, au pronostic et à la thérapeutique du cancer et d’autres pathologies. Le CMMI a, par exemple, développé pendant la pandémie, des outils de détection du Sars-Cov2 et démontré que le virus était fortement présent dans les poumons et très peu dans le cerveau ; ce qui a contribué à une meilleure compréhension de la covid-19».

Nathalie Gobbe, Département de la communication et des relations extérieurs