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Cancer: un nouveau médicament pour empêcher la progression tumorale

Publié le 2 août 2023 Mis à jour le 2 août 2023

Des chercheurs de la Faculté de Médecine de l’ULB, en collaboration avec l’Université de Lyon et Netris Pharma ont découvert un médicament permettant de diminuer les métastases et la résistance à la chimiothérapie des cellules cancéreuses. Leur étude - sur modèle animal et sur patientes - est publiée dans la revue Nature.

Les métastases et la résistance à la chimiothérapie sont les principales causes d’échec des traitements et de la mortalité des patients souffrant de cancers. La transition épithélio-mésenchymateuse (EMT), un processus par lequel les cellules cancéreuses se détachent de leurs cellules voisines et acquièrent des propriétés invasives, joue un rôle clé dans la formation des métastases et le développement de la résistance aux traitements anti-cancéreux. A ce jour, il n’existe pas de médicament ciblant l’EMT. 

Dans une étude publiée dans la revue Nature, des chercheurs dirigés par Cédric Blanpain - investigateur WELBIO, directeur du Laboratoire des cellules souches et du cancer, Faculté de Médecine  -  ont montré que la molécule Netrine-1, exprimée par les cellules cancéreuses dans de nombreux types de cancers, stimule la transition Epithelio-Mesenchymateuse (EMT) et qu’un médicament ciblant la Nétrine-1 permet de bloquer l’EMT dans le cancer. 

Justine Lengrand, Ievgeniia Pastushenko, Sebastiaan Vanuytven et leurs collègues ont découvert que les cellules cancéreuses présentant de l’EMT exprimaient des niveaux élevés de Nétrine-1 et de son récepteur UNC5B. Les chercheurs ont montré que l’augmentation de Nétrine-1 favorise l’EMT  alors que l’inhibition de la Nétrine-1 diminue l’EMT. 

En collaboration avec NETRIS Pharma, qui a développé un anticorps thérapeutique ciblant l’interaction entre Nétrine-1 et son récepteur UNC5B, les chercheurs de l’ULB ont montré que l’administration de l’anticorps anti-Netrin-1 conduit à une réduction de la formation des tumeurs et bloque l’EMT dans ces tumeurs, ce qui diminue leur capacité à former des métastases et sensibilise les cellules tumorales à la chimiothérapie.

« Nous étions extrêmement contents et enthousiastes d’avoir identifié le premier médicament qui permet de cibler l’EMT in vivo et ainsi de diminuer la formation de métastases et la résistance à la chimiothérapie », explique Justine Lengrand, première auteure de l’étude. 


Après avoir démontré l’efficacité de l’anticorps anti-Nétrine 1 pour prévenir l’EMT dans des modèles animaux, les chercheurs de l’ULB ont ensuite collaboré avec les chercheurs et cliniciens de l’Université de Lyon et de Nétris Pharma pour étudier l’effet de ce médicament sur l’EMT chez les patientes atteintes de cancers de l’endomètre.  

Les chercheurs ont administré l’anticorps anti-Nétrin-1 à des patientes dans des essais de phase clinique en France. Cette étude, publiée dans la revue Nature a montré que l’administration de l’anticorps thérapeutique était très bien tolérée et ne montrait pas de toxicité chez l’homme. Plus important encore, ils ont montré sur des biopsies prélevées avant et après l’administration du médicament, que cette thérapie diminuait l’EMT chez les patientes présentant des cancers de l’endomètre.  

« C’est une grande première mondiale, nous avons découvert un nouveau médicament qui permet de diminuer l’EMT, de diminuer les métastases et de stimuler la réponse à la chimiothérapie dans des modèles précliniques. Dans une deuxième étude, nous avons montré l’application médicale de cette découverte fondamentale, et montré que cette inhibition de l’EMT pouvait être accomplie chez des patients cancéreux. Nous espérons que l’administration de l’anticorps anti-Nétrine-1 et la diminution de l’EMT va conférer aux patientes une meilleure réponse clinique à la chimiothérapie et l’immunothérapie » commente Cédric Blanpain, le leader de ce projet.


Cette fructueuse collaboration franco-belge a permis d’élaborer de nouvelles combinaisons thérapeutiques innovantes pour sensibiliser les tumeurs aux thérapies adjuvantes et empêcher la progression tumorale, le développement de métastases et la résistance aux thérapies anti-cancéreuses. « Sur le long terme, il faudra déterminer l’efficacité de cette nouvelle thérapie sur la survie des patientes atteintes de cancers de l’endomètre, et si ce médicament est efficace dans le traitement d’autres types de cancers présentant de l’EMT comme certains cancers du poumon ou du sein » précise Cédric Blanpain, le dernier auteur de l’étude.