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Chloé Namias Vanden Berghe : dessiner la vie des renards

Publié le 9 mai 2025 Mis à jour le 13 mai 2025

Chloé Namias Vanden Berghe est doctorante en sciences sociales, en Faculté de Philosophie et Sciences sociales. Elle reçoit le Prix de la diffusion scientifique ULB -catégorie doctorante - pour sa bande dessinée Une ville de renards réalisée en collaboration avec l’illustrateur Adlynn Fischer.

VandenBergheChloe

Les renards fascinent Chloé Namias Vanden Berghe depuis longtemps. Après des études en littérature, où elle s’intéresse déjà à l’histoire animale, puis un master en sciences et gestion de l’environnement à l’ULB, cette doctorante, aujourd’hui en dernière année de thèse financée par la bourse FRESH en sciences humaines et sociales du FNRS, a étudié plusieurs groupes de Vulpes vulpes pendant près de trois ans, sous la direction de la chercheuse qualifiée du FNRS, Chloé Deligne.


Développant une méthodologie propre, au croisement de l’éthologie et de l’ethnographie, Chloé Namias Vanden Berghe a étudié l’évolution des comportements intraspécifiques - soit entre congénères -, mais aussi interspécifiques - c’est-à-dire entre humains et animaux - dans le sud de la Région Bruxelles-Capitale. Une étude sociale pour laquelle la chercheuse a collecté de nombreuses données qualitatives auprès des habitants.
 

 Des observations sur le terrain

« Ma méthodologie est assez inhabituelle car je suis tant du côté des sciences humaines que de la biologie » explique la chercheuse qui collabore actuellement avec l’Université de Rennes en France et son département d’éthologie.  

« Lorsque j’ai reçu mon financement il y a trois ans, je suis tout de suite allée sur le terrain. Deux à trois fois par semaine, de 23 heures à 3 heures du matin ou de 3 heures à 5 heures du matin : dans ce coin entre Uccle et Forest, j’ai pu identifier plusieurs renards différents qui ont fini par interagir entre eux. Puis, il y a un an et demi, j’ai également placé des caméras de chasse pour les observer encore plus précisément ».

 Ce que Chloé Namias Vanden Berghe constate alors entre en résonance avec un article écrit par une chercheuse étudiant les renards dans les grandes villes anglo-saxonnes en 2006 - une des rares recherches sur le sujet. « Chaque renard a une relation avec un autre renard, au sein de petits groupes de maximum six individus » explique-t-elle. « Certains jouent, se lèchent, d’autres s’ignorent ou sont plus agressifs, mais globalement tous ont des histoires complexes, contrastant avec l’individualité en milieu rural ».  

C’est ce que veut raconter la chercheuse : vivant plus longuement, sur un terrain plus densément peuplé, les renards finissent par cohabiter entre eux en ville plus intensément. Ainsi développent-ils des récits de vie bien plus riches.

Chloé Namias Vanden Berghe - Kroll

 
La renarde Plume


C’est ici qu’entre en jeu le parcours littéraire de Chloé Namias Vanden Berghe. Un an après le début de sa thèse, elle reçoit un appel à participer au concours Dessine ta thèse. 

« Avec un très bon ami illustrateur, Adlynn Fischer, nous avons eu l’envie de construire ensemble une bande dessinée me permettant d’expliquer comment je travaillais sur mes recherches ».

Prenant une renarde, Plume, comme personnage principal, la bande dessinée d’une petite dizaine de pages décrit son travail tout en racontant une histoire.


 « Cette BD a été très utile car grâce à elle j’ai pu communiquer plus aisément » raconte la chercheuse.

« Beaucoup de sujets en science sont difficiles à expliquer au grand public qui n’a pas forcément envie de lire une thèse de 500 pages ! Or, il est capital que les recherches ne restent pas confinées dans les canaux académiques. Il faut décloisonner, s’ouvrir aux autres. Ce qui me paraît d’autant plus normal que de nombreuses personnes m’ont accueillie et offert de leur temps, leur histoire. Je leur ai ainsi pris quelque chose, il est normal de le leur rendre ensuite et la bande dessinée est ainsi un vecteur idéal ».   

Avec son format court, ses illustrations magnifiquement poétiques, l’objet est facile d’accès et permet de toucher davantage. 

« Rendre compréhensible est essentiel. C’est pourquoi je n’ai jamais refusé de participer à des conférences sur le sujet, dans des bibliothèques, au cinéma Nova… Grâce à Adlynn et au concours, j’ai un outil me permettant de créer un pont entre ma recherche et les citoyens : une porte d’entrée vers l’ensemble de la recherche ».