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Des chercheurs de l’ULB et de l’HUB-Erasme identifient des pistes thérapeutiques pour traiter des malformations cérébrales vasculaires pédiatriques
Le laboratoire de Physiologie et Pharmacologie du professeur Nicolas Baeyens et ses collaborateurs de l’ULB et de l’HUB-Erasme ont identifié le mécanisme menant au développement de malformations neurovasculaires pédiatriques, identifiant la première piste thérapeutique non chirurgicale pour cette maladie rare d’origine génétique. Un article publié dans la prestigieuse revue Nature Cardiovascular Research a été publié, reprenant l’ensemble des résultats de cette étude scientifique.
Les malformations vasculaires cérébrales chez les nouveau-nés – parmi lesquelles la malformation de la veine de Galien – sont des anomalies rares mais graves, détectées dès la naissance, parfois même durant la grossesse. Elles se traduisent par des connexions anormales entre les artères et les veines du cerveau, provoquant un afflux sanguin massif qui peut entraîner une insuffisance cardiaque, des hémorragies ou des lésions cérébrales irréversibles. Sans traitement, ces malformations peuvent compromettre à la fois la survie et le développement neurologique de l’enfant.
En recréant un modèle animal unique, la larve du poisson zèbre, arborant des mutations génétiques similaires à celles observées chez les patients, avec l’aide du laboratoire du prof. Benoit Vanhollebeke (ULB), les chercheurs du groupe du prof. Nicolas Baeyens (ULB) ont pu voir en temps réel comment ces malformations se développent lors du développement embryonnaire. Il leur a été possible d’observer les deux formes de la maladie (la forme sévère avec de nombreuses connections et la forme moins grave avec une dilatation anormale) mais aussi l’atteinte cardiaque observée dans les cas les plus sévères. De manière remarquable, il fut possible de reproduire chez ces larves de poisson zèbre ce qui ne fonctionne pas chez l’homme. Ces caractéristiques cliniques corroborent parfaitement les observations faites par l’équipe clinique du prof. Boris Lubicz (HUB-Erasme) chez les jeunes patients, ce qui a permis de démontrer la relevance translationnelle directe de cette recherche fondamentale.
Ceci fut possible grâce à l’utilisation de microscopes de dernière génération, qui ont permis de démontrer que ces malformations sont consécutives à un problème de fusion de plusieurs vaisseaux sanguins primitifs qui forment la veine de Galien chez les nouveaux-nés. Par la suite, les chercheurs ont mis en évidence que cette absence de fusion résulte d’une perturbation de cascades de signalisations cellulaires activées par les forces induites par la perfusion des vaisseaux primitifs. En ciblant pharmacologiquement ces voies de signalisation, ils ont pu démontrer qu’il était possible de réétablir la fusion des vaisseaux sanguins dans leur modèle animal.
Jusqu’ici, les options thérapeutiques sont limitées : interventions endovasculaires de haute précision, réalisées dans quelques centres ultra-spécialisés, avec des risques importants. Lorsqu’une intervention est possible, ce qui n’est pas toujours le cas, le taux de survie peut atteindre les 95%, mais le développement neurologique reste compromis dans plus de 50% des cas. La découverte scientifique majeure annoncée par l’ULB aujourd’hui offre une perspective inédite : celle de développer un traitement médicamenteux ciblé et précoce permettant d’améliorer considérablement le pronostic vital de ces bébés tout en préservant leur développement cérébral dès les premiers jours de vie.
Ce travail représente la quintescence de la collaboration scientifique au sein de l’écosystème ULB-HUB : Le professeur Nicolas Baeyens (Laboratoire de Physiologie et Pharmacologie, ULB) et le professeur Boris Lubicz (Service de Neuroradiologie Interventionelle, HUB-Erasme) ont collaboré dès le départ pour s’assurer de la relevance clinique de la recherche. Le professeur Benoit Vanhollebeke (Laboratory of neurovascular signaling, ULB) a aussi fortement contribué au développement du modèle de poisson zèbre, qui fut essentiel pour observer les malformations en direct. Enfin, l’analyse des images a été en partie faite avec la collaboration d’Egor Zindy, du CMMI à Gosselies mais aussi avec l’aide du professeur Benoit Scheid (TIPs Lab, ULB). Il est à noter que le prof. Miikka Vikkula (De Duve Institute, UCLouvain), qui fut le premier chercheur à identifier les mutations génétiques concernées dans ces malformations, a aussi activement participé à cette étude.
Ce travail a été financé grâce à un subside du FNRS mais aussi grâce au soutien de la Fondation ULB et du Fonds Erasme, qui ont permis d’acquérir les équipements nécessaires mais aussi de financer les jeunes scientifiques qui ont travaillé pendant plus de 6 ans pour permettre cette avancée majeure.
Il ne s’agit que d’une première étape : pour transformer cette découverte en un traitement sûr et accessible aux nouveau-nés, des études précliniques et cliniques devront être menées dans les années à venir. Ces prochaines phases nécessiteront un investissement estimé à plusieurs millions d’euros, mobilisant à la fois des fonds publics, privés et philanthropiques. Car si cette avancée sauve déjà des vies en théorie, elle ne pourra changer la réalité de ces bébés qu’avec un soutien financier pérenne. C’est pourquoi cette percée médicale est aussi un appel à la mobilisation : la pédiatrie reste largement sous-financée, alors qu’elle concerne les patients les plus vulnérables. Or, chaque enfant mérite un avenir – même face à une maladie rare et complexe.