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L'Orchestre symphonique de ULB teste une nouvelle notation musicale

Publié le 3 novembre 2025 Mis à jour le 3 novembre 2025

Deux concerts de la St-V, les 16 et 19 novembre à Charleroi et Bruxelles, marqueront une expérience inédite : l’Orchestre symphonique de l’Université libre de Bruxelles participe à une recherche menée avec l’Université de Cambridge. Les chercheurs y testeront pour la première fois, à l’échelle d’un orchestre complet, une nouvelle forme d’écriture musicale afin d’en évaluer l’impact sur l’interprétation et la perception du public.

La notation musicale utilisée aujourd'hui s'est stabilisée au XIXe siècle, à l'époque du développement massif de l'édition musicale imprimée. Depuis sa naissance au 9e siècle, la notation musicale occidentale a toujours évolué au gré du répertoire pratiqué et ses conventions actuelles découlent des innovations mises en place au début de la période baroque. Depuis, les pratiques musicales ont profondément évolué : les musiciens contemporains interprètent des répertoires extrêmement variés, de Bach à Stravinsky, sans toujours disposer des clés stylistiques que possédaient les interprètes d'autrefois.

"Les conventions de la notation musicale utilisée aujourd’hui se sont fixées au XIXe siècle et influencent sans doute la façon dont les musiciens interprètent les œuvres", explique Romain Felis, doctorant au Laboratoire de Musicologie de l’ULB et chef de l’Orchestre symphonique de l'ULB. "Par exemple, l'ajout des barres de mesure dans les éditions modernes de musique ancienne modifie la perception du phrasé et de la respiration musicale."

Cette relative rigidité du système graphique pousse de nombreux musiciens — tout style musical confondu — à s'interroger sur les limites du langage musical écrit et sur la possibilité de le repenser.

Repenser la mise en page plutôt qu'inventer un nouveau langage

C'est dans ce contexte que le chercheur Arild Stenberg Stenberg, de l'Université de Cambridge, a développé une nouvelle approche. Plutôt que de créer de nouveaux symboles musicaux, il propose de repenser la structure visuelle et la mise en page des partitions pour améliorer leur lisibilité et leur expressivité, à la manière dont on optimiserait la typographie d'un texte.

"La recherche vise à concevoir une nouvelle notation plus lisible et plus expressive, sans inventer un nouveau langage symbolique, mais en repensant la mise en page et la structure visuelle de la partition", précise Arild Stenberg.

Une première expérience à l'échelle orchestrale

"C'est la première fois qu'une telle étude est menée à l'échelle d'un orchestre complet", souligne Arild Stenberg. "La collaboration avec Romain Felis et l’Orchestre de l'Université libre de Bruxelles permet d'étudier la lisibilité et l'expressivité de cette notation dans un cadre collectif."

Jusqu'à présent, les expérimentations étaient menées avec des musiciens individuels. L'Orchestre de l'ULB permet désormais d'évaluer l'impact de cette notation sur l'interprétation collective et sur la perception du public.

Pour garantir la rigueur scientifique de l'expérience, les chercheurs ont choisi de travailler sur deux valses méconnues du compositeur belge Charles-Louis Hanssens (1802-1871), figure majeure de la vie musicale bruxelloise au XIXe siècle dont les manuscrits sont conservés dans les collections de la Bibliothèque du Conservatoire royal de Bruxelles. Ce choix élimine les biais liés à la familiarité avec des œuvres célèbres : les deux valses, de difficulté similaire, permettront de comparer la notation traditionnelle et la nouvelle écriture.

Un concert-expérience pour musiciens et public

Le public assistera à deux concerts à en novembre 2025, le 16 au Palais des Beaux-Arts de Charleroi et le 19 à Bruxelles, dans l’auditoire Janson de l’ULB. Des questionnaires seront distribués  aux spectateurs après les représentations pour recueillir leurs impressions.

Les musiciens de l'Orchestre de l'ULB, eux, auront été préalablement familiarisés avec la nouvelle notation lors de sessions de travail ce qui permettra d'évaluer l'impact réel de cette écriture sur l'interprétation après appropriation.

Le programme musical replacera les valses de Hanssens dans leur contexte historique, avec la 5e Symphonie de Beethoven et un extrait de la Symphonie fantastique de Berlioz, reconstituant ainsi l'ambiance des concerts bruxellois du XIXe siècle.

"Les œuvres choisies sont techniquement solides, agréables et empreintes d'humour", affirment conjointement Arild Stenberg et Romain Felis. "Elles offriront au public une redécouverte vivante d'un compositeur belge oublié."

Deux concerts de St-V : Bruxelles et Charleroi

L'organisation de deux concerts de Saint-Verhaegen par l’Orchestre symphonique de l’ULB répond à plusieurs objectifs. Sur le plan scientifique, elle permet d'enrichir les données recueillies auprès de publics différents. Sur le plan institutionnel, elle s'inscrit dans la volonté de l'ULB Culture de renforcer les liens entre les différents sites de l'Université, notamment avec le nouveau campus de Charleroi.

Cette collaboration avec le Palais des Beaux-Arts de Charleroi illustre l'engagement de l'ULB à développer ses activités culturelles et scientifiques au-delà de la capitale.

Le projet bénéficie du soutien de la Fondation Wiener Anspach, qui finance des collaborations interdisciplinaires entre Cambridge et l'ULB. Cambridge apporte la conception théorique de cette nouvelle notation, tandis que l'ULB offre un terrain d'expérimentation unique avec son orchestre universitaire.

Info et réservation

Date(s)

Deux concerts : le 16.11 à Charleroi et le 19.11 à Bruxelles

Lieu(x)

Palais des Beaux-Arts de Charleroi et à Bruxelles, dans l’auditoire Janson de l’ULB