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Peter Eeckhout : communiquer notamment là où circulent les fake news

Publié le 17 avril 2024 Mis à jour le 25 avril 2024

Peter Eeckhout est professeur au département histoire de l’art et archéologie et membre du CReA-Patrimoine, Centre de recherche en archéologie et patrimoine, en Faculté de Philosophie et Sciences sociales. Il reçoit le Prix de la diffusion scientifique – prix spécial du jury – pour son engagement continu en diffusion scientifique.

Peter_Eeckhout

« L’archéologie se prête aisément  à la communication grand public ; elle est visuelle ; elle parle des humains et de leur passé : chacun peut s’y projeter » souligne Peter Eeckhout, « Et c’est aussi une matière où circulent énormément de fake news : des pseudo archéologues qui racontent sur le web par exemple que ces pierres pèsent plusieurs tonnes, seuls des extraterrestres peuvent les avoir déplacées ! Pour contrer ce genre de stupidités, le savoir scientifique doit être communiqué de façon accessible au plus grand nombre ».

Archéologue spécialiste des civilisations précolombiennes, Peter Eeckhout partage sa recherche, son expertise scientifique depuis près de 30 ans. Dans les années 2000, il  met au jour un cimetière datant de plus de 1000 ans, sur le site de Pachacamac, non loin de Lima au Pérou. « C’était fou pour nous, habitués à travailler dans l’ombre; des journalistes sont venus de toute l’Amérique pour couvrir notre découverte au point que j’ai fini par engager une attachée de presse sur place. Les médias européens et belges leur ont bientôt emboîté le pas; j’ai donc suivi un mediatraining à l’ULB » sourit-il.

Plusieurs années plus tard, alors qu’il passe au JT de la RTBF, Peter Eeckhout est remarqué par la productrice d’une nouvelle émission sur Arte, Enquêtes archéologiques. Elle tape son nom dans un moteur de recherche, voit son interview dans L’objet de la recherche - une série de capsules vidéos réalisées par le service communication de l’ULB - et lui propose d’enregistrer un essai. Peter Eeckhout devient dès 2016, le présentateur et consultant scientifique de l’émission Enquêtes archéologiques diffusée à la télévision et sur la plateforme web d’Arte – « ce qui permet d’atteindre un public large et diversifié » précise-t-il.

Avec cette émission, il sillonne la planète, visite des sites impressionnants, interviewe les meilleurs spécialistes. « L’expérience télévisée qui durera jusqu’en 2018 était fabuleuse ; elle m’a aussi amené à écrire le livre Patrimoine mondial en péril (paru en 2021) pour expliquer l’importance de sauver ces sites, véritables ressources non renouvelables » confie-t-il.

Film documentaire Empire inca : l’histoire révélée

Après le livre - récompensé par le prix de la diffusion scientifique ULB 2022 -, retour à la caméra : Peter Eeckhout co-écrit avec le réalisateur Thibaud Marchand, le film documentaire Empire inca : l’histoire révélée. Le pari ? Partager de nouvelles connaissances sur la civilisation inca, en s’appuyant sur les plus récentes découvertes scientifiques. Arte est intéressée; ils discutent; échangent; retravaillent leur scénario, rediscutent… et la version 17.2 est signée fin 2019, avec un début de tournage planifié en mars 2020. La pandémie bouleversera les calendriers et finalement, l’équipe s’envole pour le Pérou en septembre 2021. Deux ans plus tard, le film est montré à Paris et à Bruxelles avant d’être diffusé sur Arte. Les critiques sont bonnes, même très bonnes. « On m’a notamment remercié de ne pas avoir fait quelque chose de romantique, comme tant d’autres » confie Peter Eeckhout. Pari gagné !

L’archéologue est loin d’avoir tout dit, tout partagé : en 2023, il finalise un nouvel ouvrage de haute vulgarisation ; et écrit un nouveau projet de film… « Les ruines archéologiques sont menacées par des destructions, par des pillages ; elles sont pourtant essentielles pour comprendre nos sociétés ; il y a urgence à partager nos connaissances scientifiques avec les gens ici, et là où nous fouillons » explique-t-il.

Et de conclure : « Ma priorité reste la recherche et l’enseignement ; mais la communication grand public y est étroitement connectée. Elle m’aide à prendre du recul sur ma recherche ; elle m’amène à élargir mes connaissances; elle me permet de gagner en notoriété, même dans la sphère scientifique; elle m‘offre aussi des outils pédagogiques. Le format vidéo par exemple est souvent plus adapté aux jeunes; il aide à expliquer; alors, depuis plusieurs années, je demande à mes étudiants de 1re BA de visionner un documentaire scientifique sur lequel portera une des questions d’examen, et ça fonctionne plutôt bien ».