Elise Dermine est professeure à la Faculté de Droit et de Criminologie de l’ULB et chercheuse au Centre de droit public et social. Elle a reçu le Prix de la diffusion scientifique ULB - Catégorie Sur scène – pour son travail de terrain pendant la pandémie et à travers la Street Law Clinic en droit social.
"Dans le Centre de droit public et social, il y a une tradition d’être des
juristes engagés, des
chercheurs dans la cité" ; c’est dans cette tradition que s’inscrit
Elise Dermine, professeure à la
Faculté de Droit et de Criminologie. Pour elle, mener des recherches permet de répondre à des problématiques sociales très concrètes: "s’il y a des inégalités sociales, comment peut-on - à partir du droit - répondre à ces problématiques?" interroge-t-elle.
Elle cite un exemple: "Quand la crise du covid a éclaté, on a vite réalisé avec nos collègues de droit social qu’elle ne toucherait pas tous les travailleurs de la même manière et risquait de creuser des inégalités existantes". Élise Dermine met alors au jour, avec ses collègues Sophie Remouchamps et Laurent Vogel, l’existence d’un droit de retrait, une norme issue d’une directive européenne qui n’avait jamais été appliquée en Belgique et permet à des travailleurs, dans des circonstances bien précises, de s’écarter de leur lieu de travail pour protéger leur santé.
elle a créé la Street Law Clinic en droit social
Elise Dermine est aussi très attentive aux questions de non-recours au droit. Elle explique : "Les gens ont des droits, mais ne les mobilisent pas. Une étude a montré que 60 % des personnes qui ont droit au revenu d’intégration ne le perçoivent pas. Soit parce qu’elles ne savent pas qu’elles y ont accès, soit parce qu’elles n’en font pas la demande, soit parce que le CPAS a refusé la demande par erreur" constate-t-elle. Un travail d’information est alors nécessaire. C’est toute l’idée de la
Street Law, un mouvement né aux États-Unis dans les années 70, qui a pour but de
faire descendre le droit dans la rue".
C’est dans ce contexte qu’Élise Dermine a créé la
Street Law Clinic en droit social: un jour par semaine, des étudiants de 2
e master en droit assurent une permanence sur le campus de l’ULB et informent d’autres étudiants sur leurs droits et obligations à l’égard des CPAS. Les étudiants viennent voir la clinique pour clarifier les conditions d’obtention de l’aide sociale. Certains étrangers posent la question, s
i je demande un revenu d’intégration au CPAS, est-ce que je perds mon titre de séjour ? ; d’autres ont raté leur année et le CPAS leur demande d’arrêter leurs études.
C'est un travail d’équipe, un effort collectif
Au-delà des questions immédiates des étudiants, la clinique rédige aussi des fiches qui expliquent l’évolution de la jurisprudence aux professionnels des CPAS. L’objectif? Harmoniser progressivement les pratiques des CPAS pour réduire les inégalités. Faire descendre le droit dans la rue passe bien sûr par une communication simple, didactique qu’elle s’adresse aux étudiants ou aux CPAS.
Elise Dermine a impulsé ces initiatives de diffusion de la science juridique qui "tournent aujourd’hui grâce à un travail d’équipe, un effort collectif mené de concert avec les associations Infor Droits et Droits Quotidiens qui accompagnent les étudiants et les coordinateurs Antoine Grégoire et Sophie Gérard qui portent la
Street Law Clinic au quotidien, le tout en collaboration avec le service social de l’ULB" insiste-t-elle.