Maître de recherche FNRS en Faculté de Médecine, Eric Muraille travaille sur l’infection bactérienne brucellose. Il a reçu le Prix de la diffusion scientifique ULB - Catégorie édition digitale ou papier – pour ses articles dans le média en ligne The Conversation.
Après un doctorat en biologie à l’ULB et trois post-doc en Belgique et en France,
Eric Muraille est nommé au FNRS en 2004. Il se spécialise en immunologie infectieuse et travaille sur la brucellose, une infection bactérienne transmise à l’humain par les animaux - une zoonose, comme le coronavirus, mais qui heureusement ne se transmet pas entre humains. Aujourd’hui maître de recherche FNRS attaché à la
Faculté de médecine de l’ULB et collaborateur scientifique à l’UNamur, sa spécialisation l’a mis sur le devant de la scène à plusieurs reprises durant la pandémie de SARS CoV-2.
Bien avant la pandémie, le biologiste répondait déjà de plusieurs manières au "contrat social" de l’université: enseignement, recherche, ainsi que diffusion des savoirs. "J’ai toujours essayé de mener cela de front" observe-t-il. "J’ai écrit des articles dans des revues universitaires, comme la Revue des questions scientifiques, qui essaient de toucher un public plus large que les experts. J’ai participé à plusieurs cartes blanches et opinions diffusées dans la presse… Bref, j’avais déjà fait de la communication scientifique, mais je ne trouvais pas de journaux grand public qui permettent une vulgarisation ouverte, dans laquelle je pouvais proposer des sujets et les traiter moi-même tout en ayant les conseils de journalistes expérimentés".
Interagir et même initier des collaborations
C’est toute la spécificité de la revue en ligne
The Conversation à laquelle collabore activement Eric Muraille. Média indépendant sans but lucratif, proposant uniquement du contenu issu directement de la communauté universitaire. "Le format de
The Conversation permet d’intégrer facilement de nombreux hyperliens de référence aux articles et même des vidéos. Cette flexibilité est rare dans le domaine très codifié de la presse scientifique. On peut aussi répondre aux commentaires laissés par le public à la suite de l’article et parfois réaliser de véritables échanges de points de vue. Ces articles permettent également d’interagir et même d’initier des collaborations avec des chercheurs d’autres champs disciplinaires. C’est très enrichissant" confie-t-il.
A ce jour, Eric a publié
vingt-deux articles sur The Conversation France, traitant d’antispécisme, de diversité biologique, de vaccins, de Covid-19, de viande artificielle, d’épidémies… "J’ai même écrit un article sur Didier Raoult et le postmodernisme lorsque le sujet faisait polémique!" poursuit-il. "Ces articles permettent de contextualiser l’actualité, de lui donner plus de sens, c’est stimulant".
The Conversation a doublé son nombre de lecteurs
La crise du coronavirus a bien accéléré le nombre de publications et sollicitations: "Ce que j’écrivais avant la pandémie de Covid-19 était principalement pour mon plaisir, quand j’avais du temps à y consacrer en plus de mon activité de recherche et d’enseignement. Durant la crise, en tant qu’immunologiste, il est devenu clair qu’il fallait communiquer beaucoup plus activement pour lutter contre l’infodémie à propos des origines du virus et de l’efficacité des vaccins". Le site
The Conversation France a d’ailleurs doublé son nombre de lecteurs durant cette période.
Malgré cet enthousiasme qui ne le quitte pas, Eric Muraille pondère l’impact de ce nouveau média: "Il ne faut pas surestimer la communication scientifique" regrette-t-il. "Sa limite, c’est l’éducation du public. On a beau essayer de s’adresser à tout le monde, le public n’a pas toujours les clefs pour comprendre certains savoirs scientifiques que l’école devrait fournir"… Quand bien même, "cette revue en ligne est un outil formidable que chacun devrait s’approprier.
The Conversation rappelle aux chercheurs que s’ouvrir à d’autres champs que sa spécialisation est possible et profitable. Et expliquer au grand public des concepts généraux, qui semblent abstraits mais qui ont des impacts bien concrets permettrait à de nombreux scientifiques de donner un sens supplémentaire à leur travail".