Publié le 11 décembre 2023
– Mis à jour le 18 janvier 2024
Ce 12 décembre, Sibylle Boxho, doctorante en géologie, part en mission en Antarctique pour 2 mois... et pour la première fois! L'objectif? Installer un nouvel instrument d’échantillonnage et ramener de la neige qui sera analysée en Belgique. Cette étude contribuera à mieux comprendre les circulations atmosphériques et changements du climat mondial.
Le 12 décembre, Sibylle Boxho – doctorante aux laboratoires G-Time et BGEOSYS, Faculté des Sciences, Université libre de Bruxelles – met le cap sur la station Princesse Elisabeth, en Antarctique. Elle restera sur place 2 mois (retour prévu le 10 février 2024), accompagnée pour ce projet d’une chercheuse de l’UGent. Âgée de 25 ans, c’est sa première mission en Antarctique.
La mission comporte deux volets: installer un nouveau site d’échantillonnage et collecter des échantillons de neige.
Premier volet: installation d’un site d’échantillonnage
Le nouveau site d’échantillonnage de neige a été conçu et fabriqué en collaboration étroite avec des chercheurs du service BEAMS, Ecole polytechnique de Bruxelles – Axel Dero, Michel Osée, Christophe Reyntiens. Il consiste en un plateau circulaire surmonté et couvert par un cône. Le plateau peut accueillir 4 récipients de 2 litres correspondant chacun à 3 mois de récolte de neige. Le cône motorisé est pourvu d'un unique orifice qui sera aligné successivement avec chacun des récipients au cours de l'année. Un système à microcontrôleur pilote la rotation du cône tous les 3 mois et veille à ce que le système ne gèle pas grâce à des micro-mouvements programmés pour avoir lieu une fois par jour.
Il va permettre de collecter et stocker des échantillons de neige tout au long de l’année – sans intervention humaine alors qu’auparavant, la collecte avait lieu seulement une fois par an, lors d’une mission. Cette collecte continue permettra de suivre l’évolution saisonnières des dépôts de neige.
Le site d’échantillonnage devrait être installé près de la côte, à environ 200km de la station Princesse Elisabeth.
Deuxième volet: collecte d’échantillons de neige
Sibylle Boxho va collecter des échantillons de neige dans deux tranchées – environ deux mètres de profondeur pour collecter les différentes couches d’accumulation de neige à travers les saisons sur une année – et des échantillons en surface.
De retour avec ces échantillons en Belgique, la chercheuse va en extraire les poussières de roche au laboratoire et réaliser différentes mesures dont l’analyse des éléments terre rare (REE).
Concrètement, les REE sont comme une carte d’identité pour ces poussières: ces éléments REE mesurés à la fois dans les poussières de neige et dans les roches permettent de comprendre la proportion de poussières arrivant en Antarctique à partir d’une zone parfois très éloignée comme par exemple d’Afrique. Grâce à cela, les chercheurs vont pouvoir comprendre les circulations atmosphériques dans l’hémisphère sud sur une année et à chaque saison.
Un autre aspect étudié dans ces poussières sera l’impact environnemental et climatique que leur présence sur les surfaces enneigées génère. Par exemple, l’apport de poussière réduit l’albédo (part des rayonnements solaires renvoyé vers l’atmosphère) de la zone et donc accélère la fonte des glaces à cet endroit. Ou encore déceler les dépôts de poussières d’origine anthropiques pour mieux comprendre l’impact qu’a l’être humain sur ce continent encore considéré comme «vierge» qu’est l’Antarctique.
Pour résumer, ces poussières de roche dans ces échantillons de neige vont apporter aux scientifiques, des clefs pour mieux comprendre à la fois les circulations atmosphériques dans l’hémisphère sud, mais aussi mieux anticiper l’impact de ces poussières et leur implication dans une potentielle accélération des changements climatiques pour l’Antarctique.